Le voyage estival [2021]
Juillet 2021 – des résidences d’artistes dans les bases de voile et les clubs nautique du littoral & des ateliers, des marches et des navigations sur les rives de l’étang de Berre
L’équipage de l’expédition Pamparigouste reprend ses explorations de l’étang de Berre et rajoute quelques chapitres à sa folle aventure ! En associant comme toujours les habitant·es des rives et les visiteur·es des terres plus lointaines de la métropole ; des ateliers, des marches et des navigations nous conduirons à Martigues, Berre-l’Étang, Saint-Chamas ou encore Miramas, en grande complicité avec les bases nautiques et clubs de voile des communes.
Avec le voyage du Ressentiscaphe, qui embarquera de jeunes habitant·es-explorateurs·trices du centre social Aquarelle (quartier Béalé de Berre), nous retrouverons les escapades écologiques et poétiques du collectif SAFI, l’art de la collection et de l’animation des imaginaires de Camille Goujon ainsi que les enregistrements sonores de Pascal Messaoudi. Nous croiserons au passage l’artiste Gilles Desplanques en résidence de création au Nautic Club de Miramas à l’occasion d’une balade en direction des rives de l’étang à Saint-Chamas.
Dans le cadre du « Bel été » de Martigues, le collectif VOOGT et le designer Maxime Paulet s’interrogeront, avec humour et goût de l’expérimentation sur la question des déchets ainsi que nos rapports aux écosystèmes abîmés. Celleux qui s’intéressent à la question des incendies, pourront également aller marcher avec l’anthropologue Elise Boutié.
Pendant ce temps-là, plus discrètement, les photographes Geoffroy Mathieu, Grégoire Edouard, rejoints cette année par Sylvain Maestraggi et Camille Fallet poursuivront leurs enquêtes photographiques autour de l’étang.
Les projets et leurs équipages

Le ressentiscaphe
Comment se déroule la vie dans les rivages ?
À partir de l’hypothèse d’inviter les moules à « s’accrocher » à la vie dans l’étang de Berre, le collectif SAFI a inventé et construit le Ressentiscaphe, une plateforme flottante qui invite à mesurer la vie à la surface et dans les profondeurs de l’étang à l’aide de nos perceptions sensibles. Suite à leur traversée de l’étang à bord de cette embarcation en juillet 2020, ils ont imaginé 4 Récits à Déguster, des histoires illustrées par des expériences gustatives qui déplient leurs trésors récoltés en voyage.
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Collectif SAFI > SAFI – Du Sens, de l’Audace de la Fantaisie et de l’Imagination, est un collectif d’artistes plasticiens fondé en 2001 par Stéphane Brisset et Dalila Ladjal. Le collectif explore les ressources, se nourrit de rencontres, prend le temps de la résidence, du vagabondage et de l’expérimentation pour prendre le pouls des territoires traversés et mettre en valeur, en lumière, la conversation intime entre des hommes et leur environnement. À partir d’un répertoire de gestes fondamentaux : Marcher, sentir, écouter, manger, cuisiner, bricoler, jardiner… SAFI invite le public à traverser des zones oubliées, à pratiquer des gestes collectifs et à(re)découvrir des richesses insoupçonnées.

Cartes postales et magasin de souvenirs.
Les sites industriels, barrages hydrauliques et centrales nucléaires sont devenus des sites touristiques au même titre que les pyramides égyptiennes. Objets de fierté de notre société industrielle, ces sites sont potentiellement les vestiges futur de notre civilisation contemporaine.
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Camille Goujon > Dessins, sculptures, film d’animation, vidéos, installation. Si le point de départ du travail de Camille Goujon s’ancre dans le réel, ses créations plastiques donnent forme à l’imaginaire, prétexte à raconter des histoires où l’articulation entre réel et fiction est si ténue qu’elle lui permet de traiter de sujets graves avec humour. Depuis plusieurs années, la plasticienne collectionne les objets témoins de l’évolution de notre paysage.

Mythologies plastique
“Crète. Entre septembre et novembre 2018, nous avons investi un camping abandonné attenant à une plage jonchée de vestiges plastiques stratifiés au gré des flux et reflux de la mer Méditerranée. Ce terrain de jeu, déserté depuis une vingtaine d’années, portait initialement le nom de Camping Gournia Moon. Équipés d’un panneau solaire afin de nous assurer un minimum d’autonomie, nous avons entrepris de nettoyer, lentement mais sûrement, la plage. Immergés dans ce décors post-apocalyptique isolé de la synergie du quotidien, nous avons décidé de filmer cette quête en partant du postulat suivant : “L’humain s’est vaincu lui-même. Deux rescapés font face aux vestiges d’un monde dont ils n’ont plus que de vagues souvenirs.”
C’est ainsi que nous avons commencé à trier méthodiquement, à la manière d’anthropologues, les rebuts de la plage abandonnée et à collecter toutes traces de cet ancien monde afin d’en comprendre ses enjeux et les raisons de sa disparition. Ces vestiges ont progressivement façonné une nouvelle mythologie venue s’insérer dans notre quotidien. Des parures, offrandes et temples ont pris forme; notre solitude ayant convoqué un monde peuplé de divinités. Les mantras et poèmes mis en musique et déclamés par les chœurs que nous constituons, ponctuent et viennent rendre audible cette nouvelle narration. À la fois souvenirs d’un passé éteint et supports d’anticipation d’un futur déjà derrière nous. La plage fournit la matière et le temps le modèle.”
C’est dans la continuité de ces explorations autour des mythologies contemporaines faites de plastique que VOOGT s’embarque pour interroger les récits et mythes de l’étang de Berre, un territoire qui cristallise les processus d’industrialisation, de pollution et de fragilité des écosystèmes, mais aussi les rêves de paradis perdus. Comment peut-on réécrire les mythes pour imaginer le futur de l’étang et de ses habitants ?
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Cie VOOGT > La Cie VOOGT est née de la rencontre entre Madely Schott, performeuse et artiste plasticienne, et Phabrice Petitdemange, auteur/compositeur, performeur et plasticien. Leur travail prend la forme d’installations/performances à géométries variables, imaginant de nouvelles mythologies personnelles et collectives depuis l’esprit du glanage, de la bricologie et de l’hybridation. Au croisement entre vidéo, arts plastiques, performance et musique, VOOGT fait évoluer ses projets en lien avec le contexte environnant afin qu’une autre réalité onirique émerge.

La manifestation des images
En accostant sur les rives de l’étang de Berre, et en s’enfonçant dans les terres, le photographe Geoffroy Mathieu a parcouru un territoire morcelé et contradictoire, dans lequel espaces merveilleux et protégés côtoient zones surexploitées jusqu’à l’usure. Ses images amorcent un récit d’anticipation à partir de nos réalités contemporaines : ici, c’est déjà demain, les paysages nous propose de regarder en face la catastrophe à venir. À moins que quelques êtres attentifs ne travaillent déjà à réparer… De ses pérégrinations, ont surgi des images aux apparences calmes mais dont le silence renferme de graves traces d’atteintes écologiques. Après avoir donné la parole aux scientifiques afin qu’ils décryptent les écocides pointés par ses photographies, ces dernières rejoignent le groupe de marcheurs pour former La manifestation des images.
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Geoffroy Mathieu > Geoffroy Mathieu est photographe. Il s’intéresse aux paysages en mutation, aux territoires ruraux ainsi qu’aux métropoles méditerranéennes. Depuis 2012, il explore les relations ville-nature et le périurbain de la Métropole marseillaise.

Radeau kayak de l’étang
La résidence commencera par un tour de l’étang en kayak, moyen privilégié pour longer ses berges, s’y arrêter, faire halte, accueillir l’imprévisible, glaner des objets, prendre des photos, réaliser un reportage. Cette exploration nourrira le travail au retour : construire une embarcation à partir des trouvailles du périple et inviter les habitants de Miramas et de Saint-Chamas à apporter des objets de famille dont ils souhaiteraient faire don pour enrichir la fabrication d’un radeau.
Dans l’esprit des merveilleux fous volants et des débuts de l’aviation, cette aventure convoquera la créativité collective pour imaginer et faire avancer un radeau assemblé à partir de fragments de maisons — meubles, chaises, tables, commodes, sommiers, tringles, etc. Le club servira alors de base technique et logistique à ce projet partagé.
Une cérémonie de départ viendra clore la résidence, rassemblant des personnages s’élançant vers le vaste monde ou vers la fameuse île légendaire de Pamparigouste.
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Gilles Desplanques > « Ma pratique artistique questionne notre rapport à l’espace physique et mental. Je propose des formes, des récits qui interrogent le contexte des sites où je suis invité à présenter mon travail. Je tente au fil des résidences et des expositions de trouver la réponse artistique la plus juste au regard du lieu, de son histoire, de sa situation et des personnes qui y vivent. Ces propositions sont souvent le fruit d’une rencontre avec un paysage. Elles donnent lieu à des récits qui peuvent prendre des formes très variées, et passent souvent par des collaborations avec des habitants, des artisans ou des techniciens en fonction de la nature de l’œuvre. Ces préoccupations m’amènent aussi à répondre à des commandes publiques qui proposent de concevoir et d’installer des œuvres pérennes dans des espaces partagés.
Mes films, mes installations, mes dispositifs qui mêlent sculptures et performances, abordent des problèmes intemporels de la condition humaine et sont pour moi un endroit de réflexion sur notre société, notre identité, notre réalité. Ou comment par l’absurde et l’humour mieux sentir le trouble profond d’être.“






