L’équipage du Laboratoire plastique
Les chercheur·ses
L’institut écocitoyen et son Observatoire Citoyen de l’Environnement
L’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions a été créé en 2010 pour répondre aux inquiétudes des habitants du pourtour du golfe de Fos et de l’étang de Berre, exposés aux pollutions de toutes natures. Des attentes auxquelles ni les moyens de suivi de l’environnement, ni les connaissances scientifiques lacunaires n’arrivaient à répondre, car trop simplistes ou pas assez précis.
Il aura donc fallu l’indignation et la mobilisation citoyenne pour construire un organisme de recherche autonome, multi-acteurs, et spécialement dédié à la santé environnementale. C’est pourquoi le développement de l’Institut s’est toujours fondé sur la place des citoyens au cœur de son fonctionnement. Cette vocation s’est concrétisée en 2013 par la naissance de l’Observatoire citoyen de l’environnement Voce*, à l’issue de trois ans de travail avec un groupe d’habitants et d’usagers de l’environnement et avec le soutien du programme ministériel Repère.
Aujourd’hui, grâce à l’implication des volontaires, leur formation scientifique, leur présence continue sur le territoire, la connaissance de son histoire, l’Observatoire Voce produit des données pertinentes, et assure une interface entre les citoyens et les chercheurs, réunissant ainsi deux mondes généralement très éloignés. Grâce à l’expression de leurs inquiétudes, les volontaires permettent également à l’équipe de l’Institut écocitoyen d’identifier les grandes questions de santé environnementale, encore inexplorées.
Voce assure ainsi à l’expertise le lien nécessaire à la réalité d’un territoire, et permet d’élaborer des études en adéquation constante avec les enjeux locaux.
*Volontaires de l’Observatoire citoyen de l’environnement
Annabelle Austruy, Julien Dron, Audrey Souloumiac, Alexios Maragkoudakis Vasilakis
G-Eau de L’Inrae Montpellier
Christelle Gramaglia est sociologue à l’Inrae au sein de l’UMR G-Eau de Montpellier, un laboratoire qui travaille sur l’eau sous toutes ses formes : celle qui monte et déborde, celle qui fait défaut, celle qui arrose… et malheureusement celle qui est polluée !
C’est à ce titre qu’elle s’intéresse aux déchets plastiques qui dévalent les bassins versants et se retrouvent, par exemple, dans l’étang de Berre. Christelle a embarqué avec l’équipage Pamparigouste pour observer la manière dont les pratiques scientifiques se transforment quand elles tiennent compte des préoccupations citoyennes. Elle aura à cœur d’interviewer, avec ses acolytes, les participants aux collectes de plastiques participatives – mais aussi d’autres personnes qui, de près ou de loin, nous permettront de raconter autrement l’histoire des déchets plastiques de l’étang de Berre.
L’Unité mixte de recherche Gestion de l’eau, acteurs et usages (Inrae-IRD-Cirad-BRGM et AgroParisTech) regroupe 90 chercheurs et ingénieurs de plusieurs disciplines qui s’intéressent à la gestion intégrée des ressources en eau et aux risques environnementaux qui y sont associés (inondation, sécheresse, pollution) avec des approches appliquées et participatives. Rattachée à l’I-site Muse, G-Eau est membre d’Icireward, centre Unesco dédié à l’eau à Montpellier.
G-Eau contribue au projet Laboratoire plastique Pamparigouste en menant une enquête sociologique qualitative destinée à comprendre comment sont produits les savoirs sur les plastiques de l’étang de Berre en collaboration avec les riverains et usagers de la lagune.
Christelle Gramaglia, Zoé Michel, Stéphane Peyron, Nathalie Gontard
Le laboratoire Chrome
L’Unité propre de recherche Chrome (UPR7352) de l’Université de Nîmes est un laboratoire de recherche qui a pour but d’évaluer le niveau de risques associé à un environnement perturbé/contaminé pour les populations et écosystèmes. Pour cela, il examine les phénomènes liés à l’émergence et / ou la chronicité de ces risques, et déterminent la façon dont il faut aborder leur prise en charge. Un des axes thématiques de recherche de l’UPR concerne l’étude des risques associés aux « contaminants chroniques et émergents » et dans lequel s’intègre ce travail sur les plastiques en zones côtières. Sylvain Rigaud, membre de Chrome depuis 2014, était présent avec l’ensemble des membres du consortium lors de la venue du Tara en 2019.
Il est intégré au sein du volet physico-bio-géo-chimique du Laboratoire plastique de Pamparigouste, et s’est plus particulièrement impliqué sur l’étude des sédiments.
Sylvain Rigaud
Le Gipreb
Le Gipreb (Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre) a un statut de syndicat mixte depuis 2011 et regroupe les dix communes riveraines de l’étang de Berre !
Dès sa création, sa vocation a été de coordonner la reconquête de l’étang de Berre et de définir un programme global de réhabilitation. Ses deux missions essentielles sont les études et leur appropriation par les acteurs à travers une démarche de concertation pour améliorer la connaissance du milieu, d’accompagner le développement des usages et d’orienter les actions de réhabilitation.
Il accompagne les usages avec par exemple l’aide aux communes pour la gestion des plages ou des ulves échouées, l’aide à la mise en place de sentiers du littoral, la détermination des stocks de palourdes, etc. Il coordonne des projets de réhabilitation comme l’ouverture des bourdigues ou le renforcement des herbiers.
Il assure le suivi écologique de l’étang au sein de son observatoire, anime le conseil scientifique de l’étang de Berre.
Il mène des actions concertées auprès de différents acteurs, comme une démarche de participation citoyenne pour connaître la perception du territoire par les populations, la mise en place de scénarios de réduction d’apports en nutriments.
Il intervient dans les écoles et divers événements pour sensibiliser à l’étang.
Il porte enfin l’animation N2000 qui concerne quatre sites autour de l’étang de Berre : la petite Camargue, les salins de Berre, la poudrerie et le Bolmon. C’est un acteur important de la qualité des milieux lagunaires dans la feuille de route étang de Berre signée par le Préfet de région, le Président de la région Sud et
la présidente de la Métropole.
Hortense Delary
Le Bureau des guides du GR2013
En s’associant aux collectivités, aux opérateurs culturels, éducatifs et scientifiques ainsi qu’aux associations locales,
il propose des rendez-vous réguliers et des événements spécifiques in situ et à destination de toustes. Par le biais de marches, conférences, expositions, performances artistiques et culinaires, il invite à partager des histoires du territoire dans les paysages. Ces rassemblements deviennent ainsi des aventures collectives où l’expérience et le récit nourrissent une culture commune.
Marielle Agboton, Noémie Behr, Antoine Devillet, Julie de Muer, Mathilde Rouziès, Floriane Verrier, Antoine Yonnet
Les artistes
Maxime Paulet
Designer associé au Laboratoire Plastique (résidence transversale 2023-2025), Maxime Paulet travaille à la croisée du monde scientifique et artistique. Il a développé des outils d’observation de la pollution aux déchets plastiques, dans une démarche collaborative avec les usagers de l’étang, notamment le public des bases nautiques.
Collectif SAFI
En 2019 le collectif d’artistes SAFI s’embarque avec le Bureau des guides dans l’expédition Pamparigouste. Il imagine alors une plateforme, comme une île, pour habiter l’étang mais aussi comme un récif, un espace pour accueillir la faune et la flore sous-marine et les observer.
En 2020, les périodes de confinement signent un revirement, l’île devient embarcation et trois voyages successifs permettent de faire le tour de l’étang. Ces navigations ouvrent alors la voie à de multiples formes d’enquêtes, des marches collectives, des performances culinaires et des expositions.
Après trois années d’immersion, les artistes-cueilleurs devenu·es navigateurs et navigatrices envisagent leur embarcation comme une manière de marcher sur l’eau.
Le Ressentiscaphe s’est transformé en jardin sous-marin et SAFI augmente nos relations en développant des outils
de communication inter-espèces et un cahier de jeux pour mieux percevoir la vie de l’étang.
Violaine Barrois
En liant la visibilisation du plastique à une espèce exotique : la Rapana venosa, plutôt qu’à une espèce patrimoniale (tortue, phoque), cette approche propose de résoudre la tension entre une nature sacralisée, souvent détachée de la réalité tangible du monde, et la dynamique biophysique dans laquelle nous évoluons. Elle réinscrit l’humain dans un processus de renouvellement et d’invention face aux contraintes toujours changeantes de l’environnement, en redonnant à la nature sa place active dans notre devenir partagé.
En découvrant et réapprenant comment extraire la pourpre de l’espèce exotique qu’est la Rapana venosa, l’expérimentation devient une rencontre entre tradition et innovation. L’enjeu n’est donc pas simplement d’éradiquer ces présences, mais de chercher à tisser de nouveaux liens entre humains et non-humains, qui intègrent la dimension évolutive du vivant et l’irréversibilité de notre impact anthropique.
Camille Goujon
Comment utiliser les données scientifiques et les transformer en art plastiques ? Quelle forme donner à ces informations pour communiquer avec le public ? Comment lire le paysage contemporain à travers le prisme du plastique ?
Camille Goujon invente de nouvelles formes narratives qui au lieu de culpabiliser voire d’angoisser, ouvrent à la curiosité et à l’intérêt grâce à l’humour et au décalage. Elle a ainsi développé des drôles d’objets tels que : des boules à neige de raffineries flottant dans l’eau de l’étang, où les paillettes sont remplacées par des microplastiques scintillants ; des lunettes stéréoscopiques dystopiques, fabriquées à partir de bouteilles, offrant une vision altérée de paysages envahis par le plastique, un jeu collectif “de bataille énergétique”, détournant le principe du “touché-coulé” pour aborder les infrastructures industrielles, ou encore un fil d’animation en stop-motion basé sur sa collection de cartes postales de paysages industriels, avec Pascal Messaoudi.
Pascal Messaoudi
Documentariste et créateur sonore, Pascal Messaoudi a corréalisé le film d’animation avec Camille Goujon. Il fut un temps où les usines de l’étang s’affichaient fièrement sur les cartes postales… On les envoyait à ses proches, on y racontait son quotidien. En animant ces images et en donnant voix aux mots inscrits au dos, le film livre des témoignages personnels de la vie industrielle, familiale et touristique. Un récit sensible agrémenté d’un bon brin de folie.
Bulat Shapirov et Chloé Mazzani
Bulat Sharipov a choisi de traiter les questions environnementales complexes par une approche esthétique et cinématographique, visuellement frappante. En partant des prélèvements biochimiques de l’eau par les laboratoires dont il transmet les images au microspcope, il fait des microplastiques invisibles un sujet d’exploration.
À cette esthétique du microscopique, Chloé associe la créature d’un macro-plastique, dans une installation inspirée du théâtre d’ombres javanais.
Adrien Zammit
Graphiste de l’aventure Pamparigouste depuis ses débuts, Adrien Zammit lui a donné son identité visuelle. Ses petits personnages jaunes, et ses détails de paysages sèment de nombreuses indications sociologiques, comportementales, sur la faune, les industries, et la complexité des lieux.
Il a par ailleurs organisé l’atelier pour réaliser la fresque de la base nautique de Vitrolles ainsi que la grande carte de restitution pour la fin du projet.
Fanny Taillandier
Résidence d’une semaine en janvier 2025
Fanny Taillandier est autrice. Elle a notamment écrit le livre DELTA, qui plonge dans l’histoire du delta du Rhône, entre Camargue et zone industrialo-portuaire. Venue s’imprégner des récits de l’étang lors d’une résidence au Tétrodon, elle a livré un texte où se tissent les aventures écologiques et humaines de ce territoire…
Camille Fallet et Sylvain Maestraggi
Résidence en 2023
Les photographes Sylvain Maestraggi et Camille Fallet ont entamé lors d’un temps de résidence itinérante un travail photographique, en utilisant la technique de la chambre. L’enquête photographique se propose d’explorer l’épaisseur du territoire de l’étang de
Berre, d’identifier les limites de ce territoire, mais surtout d’en donner une image globale, inclusive et plurielle.
« L’étang que nous voulons montrer n’est ni l’étang de l’emprise industrielle, ni celui du beau paysage régional, mais l’étang réel, complexe, qui tient à la fois des deux, et se présente comme un paysage dialectique, c’est-à-dire un paysage en devenir né de la transformation du milieu naturel par l’homme. »
Les associations et habitant·e·s
Les bases nautiques de l’étang
Base nautique municipale de Vitrolles
Club Nautique Marignanais
Le nautic Club Médéen de Châteauneuf-Les-Martigues
Le Cercle nautique de Rognac
La base nautique de Saint-Chamas
Le Nautic Club Miramas
Les communes
Berre l’étang
Saint-Chamas
Istres
Saint-Mitre-les-remparts
Miramas
La médiathèque d’Istres
8 vies pour la planète
8 vies pour la planète est une association née de la passion d’habitants-riverains pour l’étang de Berre et du goût de certains d’entre eux pour expérimenter des formes d’innovation à même de nous mettre en relation active avec notre environnement.
Les actions se déroulent tout autour de l’étang avec comme points d’ancrages un fablab situé à Saint-Chamas pour accueillir les bricoleurs et un Batolab pour embarquer les navigateurs.
L’inventivité y est toujours de la partie au travers la création
de jeux pour se saisir des questions de pollutions (jeu de plateau, escape game…), le réemploi et le recyclage pour détourner les objets en nous invitant à réfléchir à nos modes de consommation, le ramassage de déchets combiné à des ateliers ludiques pour collectivement se motiver à comprendre et prendre soin des milieux.
Mais au-delà de ces manières fantaisistes de se sensibiliser à l’environnement, 8 vies porte aussi une démarche expérimentale articulant gestion, sciences et implication citoyenne avec par exemple le projet ZoRRO, qui invite les habitants à contribuer à la réimplantation des herbiers marins de zostères, ou encore le développement de sondes et de capteurs pour mesurer la qualité de l’air ou de l’eau de l’étang, apprendre à observer et comprendre des indicateurs comme la turbidité, l’oxygène ou la salinité.
C’est sur ces expérimentations autour de la perception de la vie sous-marine, des récifs et des manières de mesurer que les conver- sations se sont tissées avec les artistes de l’expédition Pamparigouste puis les scientifiques du Laboratoire plastique.
Wings of the ocean
Cette association française fondée en 2018 a pour objectif
de dépolluer des littoraux et lutter contre les déchets sauvages
sur l’ensemble des plages de l’étang de Berre (et sur l’ensemble
du territoire). Leur protocole consiste à ramasser l’ensemble
des déchets rencontrés sur le littoral. Une fois les déchets recueillis, ils sont étalés sur une bâche et triés (phase de caractérisation) selon plusieurs critères. Cette caractérisation permet d’obtenir de précieuses informations (quantitatives et qualitatives) sur cette pollution. Elle permet également d’identifier les origines économiques et géographiques ainsi que les flux de ces déchets.
Sur le long terme cette caractérisation pourrait permettre la mise en place de mesures ciblées pour réduire ces pollutions que ce soit au niveau local, national ou international.
«Les actions de Wings of the ocean dans la région de l’étang de Berre ont débuté en 2020, lorsque nous sommes arrivés par hasard à La Méde. Notre premier chantier a pris place sur l’île des
Trois Frères, située à Châteauneuf-les-Martigues. Cette île était et est encore malheureusement envahie par des déchets de toutes sortes, venant de toutes directions. C’est à ce moment que nous avons pris la décision de lancer une mission sur l’étang.
Notre équipe, composée en moyenne de douze bénévoles, s’engage sur une mission de six mois. Nous apprenons à collaborer, à réfléchir sur notre mode de consommation et à adopter le temps de la mission un mode de vie responsable. »
L’association Nosta Mar et son écomusée de la petite mer à Rognac
Le marais de la tête noire, un petit bout de zone humide calée entre LyondellBasell (ancienne
Shell Berre), la départementale et, un peu plus loin, la zone aéroportuaire s’est vu déblayé, nettoyé, bichonné par un collectif d’habitant·es particulière- ment déterminé·es : l’association Nosta Mar.
Nosta Mar a décidé de prendre soin de ce petit bout de bordure d’étang : recréer des observatoires ornithologiques, des cheminements, raconter l’histoire d’un port antique oublié, tresser les caniers, organiser des ramassages de déchets. En un mot : retrouver des gestes qui nous font entrer en relation intime avec l’étang. Un petit écomusée de plein air s’invente au bord de ce bout d’étang qu’on appelle parfois étang de Vaine. L’association en nous faisant sentir ce que l’étang a été, elle nous laisse rêver d’autres trajectoires que l’étang aurait pu prendre. Elle nous aide à sentir ce qu’il pourrait devenir et
y participe activement.
