Une série photographique de Geoffroy Mathieu d’après la Remontée du ruisseau
Lorsqu’immergés au « n-1 de la ville », parcourant un cours d’eau présenté comme un quasi-égout, on se retrouve face à une nature luxuriante et printanière traversée d’une lumière vive et contrastée dans laquelle les signes urbains sont presque absents : le vertige puissant. Comment ce sentiment si intense face à la nature peut-il être éprouvé alors que nos coordonnées GPS nous signale que nous sommes au coeur des quartiers nord de Marseille ?
La mauvaise réputation est le dernier travail du photographe Geoffroy Mathieu. Si au début du XXème, le ruisseau des Aygalades était encore un lieu de villégiature, un siècle d’urbanisation et d’industrialisation ont eu raison de sa continuité, de son débit et de son équilibre écologique à tel point que certains habitants en ont oublié même son existence. Cette mauvaise réputation pourrait aisément servir d’excuse pour ne pas s’occuper de sa renaturation alors même qu’Euromed 2 articule son projet autour de lui. C’est ainsi qu’en 2017, l’expédition La remontée du Ruisseau faite d’artistes, d’habitants, de chercheurs, d’aménageurs ont entrepris une remontée les pieds dans l’eau du ruisseau. Ils ont tous été saisis par les beautés cachées des Aygalades. Au fond du lit de cette rivière abîmée, entre deux segments busés, se déploie un espace de nature luxuriante inondé d’une lumière zénithale dans lequel les couleurs primaires des déchets, des plastiques et des objets hétéroclites, forment avec la végétation des tableaux paradoxaux. Dans les photographies de Geoffroy Mathieu, éclatantes de couleur et d’une composition extrêmement précise, le ruisseau devient ainsi motif de spéculation poétique autour de questions liées à l’écologie, l’aménagement du territoire, et l’espace public.
Une exposition de ces photos est présentée au sein de la Galerie Zoème à l’automne 2020.