Des balades apprenantes pour cultiver les savoirs
Entendre avec son dos
C’est d’abord dans l’engagement physique que le sens se crée. J’entends souvent le malaise gronder dans mon dos, lorsque nous traversons à pied les quartiers de Marseille. Nos marches ne sont pas des visites guidées mais des réflexions collectives riches en apparitions, et lorsque nous passons ensemble un petit front de guerre sociale, l’émotion gronde. Je vous entends, vous qui marchez, mal à l’aise dans le contact physique avec l’exclusion violente ou l’injustice. Pour passer, il y a l’humour ou le désir de ne pas se laisser séparer entre parties de ville, le désir d’hostire entre citoyens.
C’est insuffisant et un brin « gnan-gnan » – et pourtant nous sommes de plus en plus nombreux à marcher entre parties de ville qui ont été antagonisées. Longue tradition du corps à corps sans intermédiaire qui avait mis en toute en 1983 la Marche pour l’égalité et contre le racisme (…)
Mais nous qui marchons, pris dans les circonstances du microfront de guerre sociale, c’est trop souvent le modèle muséal que nous brandissons en protection face à la remontée de refoulé collectif. La sensation de 200 ou de muséification de la ville se dit avec violence, se ressent dans le corps en marche. Une sensation qui ne renvoie pourtant qu’à soi-même, à son propre savoir comme pouvoir; surpris en incultes de la Vie. Je perçois dans mon dos la profonde émotion de celles et ceux qui se rencontrent, le débat intérieur qui les assourdit. Alors je suis assurée que cette ville que nous sommes en train de penser avec les pieds ne s’entend plus.
Petits front de guerre sociale – récit d’hospitalité n°7 : Christine Breton
Je ne puis méditer qu’en marchant ; sitôt que je m’arrête, je ne pense plus, et ma tête ne va qu’avec mes pieds.
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, dans Oeuvres complètes, t.1, paris, Le Seuil, « L’intégrale », 1967 p.279
Expérimentons de nouvelles formes d’éducation populaire pour faire face aux enjeux de la crise écologique
1/ S’informer, se sensibiliser et faciliter l’émergence d’une connaissance complexe chez les divers acteurs de la ville (habitants, professionnels, élus) sur le rôle multifonctionnel des infrastructures vertes et bleues (IVB), les lisières urbaines et les thématiques de la transition écologique.
2/ S’approprier activement les enjeux et s’impliquer grâce à une approche narrative, basée sur l’exploration sensible et la conversation située.
3/ Constituer une connaissance partagée par l’interaction des savoirs et des personnes. Articuler nos savoirs de terrain et notre pensée théorique pour favoriser le « concernement ».
© Amélie Laval