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La quête de l’ombre à Miramas

Il fait 35°C. Nous avons des bouteilles-glaçons moulées sur le crâne.

La gare est importante puisque Miramas le neuf est une ville cheminote, créée par et pour le PLM, qui arrive ici en 1848. Dans cette gare il doit y avoir 40 connections par jours avec Marseille, c’est la 3e gare TGV de la métropole, comme dit Fouchier. Depuis les quais de la gare, c’est les seuls endroits où on peut avoir un léger aperçu sur le triage, car c’est un immense plateau, une des plus grandes de France. 

La ville de Miramas est à la rencontre  deux géographies: la grande platitude de la Crau à l’Est, et les collines de l’étang de Berre à l’Ouest. 

De là, on traverse une zone en devenir, où il y a un projet de nouveau quartier autour de la gare, une future offre résidentielle métropolitaine (ilex paysagistes de Lyon). Au loin, il y a l’ancienne usine Areva. C’était une zone industrielle lourde et une zone technique de la gare assez importante. Nouveau parking aménagé de la gare, mais de part et d’autre, des délaissés. Au fond, on arrive sur le chemin de l’autodrome, qu’on suit vers l’Est, et à l’entrée des habitations d’Areva, à l’entrée du site, on passe sur le canal de Craponne (branche d’Istres), qui date du 16e siècle, et qui là est en eau. C’est le grand système de Craponne, et avant ça la Crau était réputée stérile. L’eau filait entre les pierres. C’est l’arrivée de cette eau qui fat que les melons ont bouché les trous, et on a fini par recréer de l’humus. On est passé du désert à l’oasis.

On borde un petit jardin ouvrier qui a une 20aine d’années, et derrière inaccessible les champs de foin de la Crau, avec leurs grandes haies coupe-vent dans le sens Est-Ouest. On a le droit d’utiliser le bord du canal pendant une centaine de mètres (chemin d’aygadier), on est au bord de l’eau, entre les murs arrière d’un lotissement 70 et sur les droites des haies très vivantes complètement opaques. Au bout, on voit une petite martelière de répartition.  

On quitte le bord du canal par un chemin d’écolier, à l’intérieur du lotissement du Mas-Neuf, avec des chemins piétons à l’arrière des parcelles. On enchaîne une petite série de 3 chemins d’écolier, et on quitte le lotissement pour entrer sur l’avenue Marius-Chalve, où il y a un drôle de rond-point. C’est la grosse départementale 35, par laquelle on part vers le centre-ville en profitant de l’ombre des platanes. Puis sur la droite, on prend un délaissé qui est une ancienne emprise ferroviaire de la voie de desserte de l’ancienne usine Areva. Les chemins piétons sont relativement fréquentés, traces de canaux d’irrigation. Au fond, un mur nous empêche de passer, on passe dans un trou de grillage d’une petite résidence, où on trouve une boîte à chats. 

Sur l’avenue Aristide-Briand, on est sur le terrain d’un ancien groupe HBM, qui a été rasé il y a quelques années, groupe « Miramas A », et le terrain a été laissé tel quel, il ne reste que les alignements de mûriers-platanes, plantés dans les années 1930 avec le groupe HMB, un héritage de la soierie. Par l’avenue Adrien-Mazet, on continue sous l’ombre des pins parasols, caractéristique des années 1970, où on a essayé de planté des espèces locales, mais ils ont l’inconvénient que leurs racines défoncent les chaussées. On arrive au parc de la Carraire, une espèce de pelouse abandonnée au soleil, portant la trace d’une ancienne serpentine, et un bassin abandonné avec des installations en bois qui essaient de faire de l’ombre. De l’autre côté de la rue, le parc se continue. On est au bord d’une salle polyvalente avec pas mal de figuiers, et une sente piétonne jusqu’à l’avenue Jean-Moulin, où nous trouvons de nombreuses mues de cigales sur un pin parasol.    

Sur l’avenue Jean-Moulin (départementale 10), plantée platanes 19e s. (très grands, très beaux), nous bénéficions aussi de l’ombre étroite des bâtis alignés sur la rue. Après le pont sur la voie ferrée de la côte bleue qui passe en tranché, on tourne gauche chemin de Colomb, et là en pleine ville on a une prairie d’u demi-hectare. C’est le premier champ de foin AOC de la Crau qu’on rencontre. Cette prairie de fauche en pleine ville est possible car la rente du foin est plus importante que la rente immobilière. Le champ est plat en léger dénivelé, bordé par un canal, tous les jours irrigué par une inondation. La terre est gorgée du limon gris de Durance. Il a fallu aplatir le terrain, la mettre en léger dénivelé, avoir un canal, l’entourer de haies coupe-vent (car le vent assèche l’eau), et les rendements sont tels qu’il y a jusqu’à 3 fauches par an. Diverses espèces floristiques – graminées, légumineuses… La seule AOC sur un produit agricole qui n’est pas destiné à l’alimentation humaine. 

Au fond du champ, nous longeons le canal ombragé (canal de Raoux, plutôt 19e), qui contrairement au canal de Craponne-Istres est tout en sinuosités, sur les courbes de niveau dans les collines. On passe au-dessus de la voie ferrée (PLM) et on voit le safre (calcaire très tendre) et on arrive sur le petit chemin de Chantecoucou, la bordure droite du chemin étant une dérivation du canal de Raoux étant recouvert par des dalles en béton sous lesquelles on entend l’eau chanter. C’est l’irrigation d’une petite série de jardin ouvriers qu’on imagine être des jardins cheminots. On remonte un peu le chemin de la Concorde qui longe la voie de la Côte bleue, et au fond de l’impasse de Raoux, une ancienne ferme toujours en état. Par-dessus le mur de pierre sèche, un ancien champ agricole offre l’aspect d’une pelouse caffi de divers arbres fruitiers. Du foin pour les bêtes, du fruit pour les confitures. On rejoint le canal de Raoux qu’on suit dans une séquence urbaine de 200 m. Ici le canal est étanche (cuvelé en béton) et on peut le parcourir en pleine ville. C’est la rentabilité du foin de la Crau qui fait que ce canal est toujours en ville. 

La beauté de ce canal n’est pas éternelle, on remonte la rue Louis-Blériot, entre de belles maisons individuelles 70s, au fond de quoi on trouve des terrains agricoles abandonnés mais intensément fréquentés par le grand lycée régional. On imagine que les lycéens du quartier vont au lycée à pied en entretenant ces chemins. L’arrière du lycée Jean-Cocteau, à l’architecture postmoderne très étrange inspirée des ruines des arènes de Nîmes. Entre les anciennes parcelles agricoles et les fausses ruines aux abords du lycée-théâtre qui voulait rayonner, on est dans un entre-deux non réglementé sans barrière, à l’ombre d’une jeune guarrigue.  

On s’en sort vers le nord par un accès pompier, et on arrive par le bord de l’étang de Saint-Suspi, un étang artificiel aménagé dans les années 1990. La nappe phréatique est très proche en dessous. Il est entouré de belles allées plantées. On profite de leur ombre pour pique-niquer. 

Comme il fait trop chaud, on renonce à une boucle qui devait nous emmener à l’ancienne ferme de Saint-Suspi et profiter des bosquets de pins parasols qui l’entourent, voire d’aller jusqu’au grand parc urbain « du Couvent » aménagé dans les années 1970, où l’on trouve le golf le moins cher du sud-est de la France, appartenant à l’EPAREB/EPF, réserve foncière du projet « Miramas 300 000 habitants ».  

On prend un raccourci qui nous emmène au HLM des Molières par la rue Daniel-Paul comportant deux rangées de micocouliers, de part et d’autre. Le HLM est un petit grand ensemble 60s sont les aménagements paysagers ont été réhabilités en 1991 par Alain Marguerit, qui est un des inventeurs de la réhabilitation des grands ensembles par le paysage. Rue Albert-Schweitzer, où entre les parkings et les immeubles, on suit une allée piétonne plantée de catalpas (non de paulownias). On a ici un chemin piéton à l’ombre: c’est de l’aménagement. « S’asseoir l’été à l’ombre ». Etant en ville dans des situation critique, à cet endroit-là la plantation d’arbre nous permet de passer de l’invivable au vivable. Les aménagements continuent, en cœur d’îlot, où il a recrée une butte allongée qui sert à protéger les immeubles du terrain de sport, et ça permet une promenade à l’ombre (arbres, borne-fontaine, portique-pergola avec une vigne qui a pris, des bancs, jeu d’escaliers et d’alcoves…). L’avenir de la ville, c’est la réhabilitation par la plantation du HLM des Molières.

On quitte la zone des Molières par l’avenue Jean-Mermoz, et on va jusqu’à marcher au milieu de la route pour suivre l’ombre des arbres (pins parasols et platanes). Puis on tourne à droite sur l’avenue des Anciens-Combattants, on passe derrière une station de lavage de voiture pour retrouver un canal. On est juste derrière le lycée agricole de Fontlongue (le canal sert à irriguer les terrains du lycée). Le lycée (privé) est plus que centenaire, l’enseignement du lycée se fait en partenariat avec les services techniques municipaux. Le canal est préservé pour le lycée. Dans les champs pédagogiques, on retrouve les grandes haies Est/Ouest.

Sur le boulevard de l’Olympie, vrai boulevard à bagnoles de ZA des années 70s, il y a la piscine municipale avec les cris d’enfants, puis le projet de salle omnisports, à droite. A gauche, les haies de champs de foin du lycée agricole. Au milieu de la route, un parking à l’ombre de pins parasols. Au bout de 100 m, on retombe sur le canal de Craponne. L’eau arrive, par un canal surélevé, dans un demi-tonneau en béton, 70s. Par-dessus le canal, un petit pont nous permet de récupérer le chemin de la Péronne. Par un trou dans la haie, on tombe dans un champ de foin, on fait attention à ne pas se mouiller les pieds. De là, on arrive dans l’allée de la Péronne, une vieille allée de platanes qui menait au mas de Péronne. Les platanes doivent avoir 2 siècles, on est dans un nef d’ombre. On a froid. Le chemin mène en ligne droite au mas, rénové et intégré à l’opération du village des marques. 

On passe les fouilles à l’entrée, et on découvre ce nouveau modèle de centre commercial qui est dans le pastiche régionaliste, une incroyable ville provençale factice, comportant des espaces d’ombre brumisé. Les aménagements paysagers devant le village des marques: sur la masses parkings, toutes les places de stationnement sont en dalle gazon (des grilles de béton troués de terre, dans lesquelles l’herbe pousse, et recouvre le béton – c’est aussi cela l’avenir de la ville): on garde la perméabilité du sol. Devant le village des marques, il y a une grande prairie qui se veut exemplaire qui se veut exemplaire par son économie d’eau. Certains d’entre nous se baignent dans le canal de Craponne.

On revient dans l’incroyable allée de platanes de Péronne, où un employé municipal nous explique que l’allée et les champs de foin ont été achetés et vont devenir des parkings pour l’extension du village des marques. 

De là, on rentre vers la gare, toujours en longeant le canal de Craponne, derrière le lotissement de Fontlongue. On traverse le boulevard Aubanel, lui aussi planté de pins parasols sur la berme centrale, et à l’ombre d’une grande haie de cyprès coupe-vent, on arrive dans la cité PLM.

La cité PLM est sur une grille dessinée par les ingénieurs du chemin de fer. Sur chaque îlot, on trouve 6 immeubles collectifs de 3 étages. Entre les immeubles, des haies coupe-vent pour protéger le cœur d’îlot. On aperçoit des traces des anciens lavoirs et d’étendages collectifs faits en rail de chemin de fer. On quitte la cité cheminote par le petit jardin d’enfants qui est devant l’ancien dispensaire (à l’ombre de platanes plantés à la fin des années 1940) et on rentre vers la gare par la rue Gabriel-Péri qui est très sèche, on passe devant la coopérative PLM et on arrive sur la place Jourdan où se trouve le monument aux morts de la Seconde Guerre mondiale où un cheminot musclé terrasse l’aigle du fascisme. 

Comment l’économie agricole peut créer de la nature en ville (on trouve ainsi un exemple à Bordeaux, cf. pape-Clément; cf. les exports de boues urbaines des plaines de Paris, le vieux système pré-automobile) 

Composition du paysage, trames d’occupation du sol. Type d’agriculture change les trames. Le paysage urbain garde les anciens tracés agricoles. Mutation successive des trames.  

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ZAC Cézanne et ZUP verte d’Encagnane

La ZUP verte d’Encagnane, la ZAC de Jas-de-Bouffan, les rives de l’Arc : cette exploration des zones de croissance d’Aix-en-Provence propose de découvrir différents motifs aixois des relations ville-nature, autour de l’échangeur A8/A51.

De l’extrémité de la gare routière, on voit les travaux du futur BHNS « Aixpress », et une grande affiche qui annonce le doublement des plantations d’arbres (« 600 arbres et 40 000 arbustes dans le trame verte de l’Aixpress »).

On part vers l’ouest sur l’avenue de l’Europe, et on traverse l’avenue Max Juvénal, une parkway des années 1960 : une route sans trottoir, uniquement pour les voitures, interdite aux piétons, mais dont la pelouse porte des « lignes de désirs » témoignant du passage de piétons. On arrive dans la ZUP d’Encagnane, et on peut marcher à l’ombre car les bâtiments sont loin des voies de circulation, avec une double rangée d’arbre. On voit des jardinières artisanales des Incroyables comestibles (face à l’épicerie du Coing, qui vient de mettre la clé sous la porte). 

On continue avenue de l’Europe, en faisant un petit détour par la bastide de la Maréschale. On voit des parterres à la française, restes de l’ancien parc de la bastide. On passe sous le pont de la voie ferrée, toujours par l’avenue de l’Europe, qui doit passer l’autoroute A51 et la passe par en dessous : c’est un point bas – il y a eu de fortes inondations, comme le 23 septembre 1993, tous les RDC avaient été inondés (images du journal de la 2 sur l’INA).    

On passe en dessous de la bastide de Jas-de-Bouffan, qui a été habitée par Paul Cézanne. Dans dans les années 1880, il partait d’ici vers le Sud-Est, comme nous, pour aller peindre sur le motif. L’avenue de l’Europe où nous nous trouvons a été décaissée pour passer sous l’autoroute : il faut donc imaginer Cézanne marchant dans le ciel, quelques mètres plus haut. Après être passés sous le pont de l’autoroute, on tourne à gauche par des petites sentes piétonnes (le chemin des Flâneurs), on aperçoit un camp de gitans, et on entre dans la ZAC de Jas-de-Bouffan.  

On traverse la ZAC par le parc Gilbert Vilers, aménagé à partir de 1978, 5 ha, les immeubles sont de plain-pied avec le parc, avec de forts mouvements de sol qui offrent des vues dégagées notamment sur la Sainte-Victoire. Un grand bassin est laissé en partie en roseaux, et le théâtre de verdure est adossé à une colline, probablement issue des remblais des fondations des immeubles. On quitte la ZAC vers le sud, on passe devant une résidence étudiante postmoderne avec un incroyable jardin méditerranéen (résidence La Verdière, années 1990), 3 corps de bâtiments en U avec un jardin intérieur, qui est le toit de bureaux en sous-sol. On traverse une petite bastide en sortant, on emprunte un petit escalier qui témoigne des anciens jardins. 

La route de Valcros va nous permettre de quitter la ZAC et la ville. Passé le pont sur l’autoroute A8, on apprécie le front urbain net entre la ville et la campagne. La route de Valcros traverse en zigzaguant ce qui reste de campagne aixoise. Toutes les propriétés sont cachées dans des terrains clôturés. La bastide de la Constance est reconvertie en centre équestre. C’est là qu’on commence à voir les premiers champs de blé. Le blé de la campagne aixoise est très réputé, c’est un blé dur très riche en protéine, qui sert à faire tourner les semouleries marseillaises. Dans cette campagne proche de la ville, l’activité est si rentable qu’elle arrive à concurrencer le marché immobilier.

Le blé est vert et en épis.

La route va faire un grand virage à droite puis à gauche, pour passer sur le ruisseau de la Thumine. Le vallon est très prononcé, les versants du vallon sont boisés. On devine de très belles propriété avec tennis et piscine, murs de sécurité, caméra, panneaux « Interdit aux promeneurs ». Les voitures sont rares mais roulent vite dans cette toute étroite. On prend à droite un petit chemin agricole classé dans le domaine public, pour pique-niquer à 100 m de la route, à l’ombre d’un chêne blanc. Au loin, on voit la ligne du massif de l’Etoile, et la cheminée de Gardanne. 

On reprend la route de Valcros et au numéro 1907 on a fait un petit détour par des chemins agricoles où l’on voit une ancienne bastide qui est en train d’être reconvertie en logements. Devant la bastide, de gros platanes, et une allée plantée de jeunes arbres. Au bout de la rue de Valcros, on passe sous la voie ferrée d’Aix à Rognac, où autrefois il y avait des départs de chemin qui sont aujourd’hui fermés. On est à l’extrémité de la ZAC de la Constance qui propose de recréer depuis ici des continuités modes doux.

Sur la droite, une maison abandonnée, on comprend que c’était une exploitation agricole car des escaliers montent directement au premier étage, le RDC étant consacré à l’exploitation – une histoire de la campagne qui mute en ville, doucement. 

A partir du rond-point, on est dans la zone commerciale de la Pioline. L’ancien chemin de la Pioline est une deux fois deux voies. Un bâtiment commercial est entouré d’une nappe de parkings. Un restaurant présente vers la route une terrasse ombragée de parasols, qui ne nous autorise pas à boire un café. Sur la gauche, il y a une belle rangée de pins. Tout de suite, le terrain descend vers la rivière de l’Arc. On poursuit la promenade jusqu’au point de la Pioline sur l’Arc, ce qui permet de voir l’exutoire de la station des eaux usées. La moitié du débit du plus grand fleuve côtier des Bouches du Rhône est constituée des effluents des eaux usées d’Aix en Provence. 

On revient sur nos pas pour passer de l’autre côté de la voie ferrée dans les collines des domaines de la Constance et de Bellevue. Les versants de la colline sont en pinède, les deux premiers plateaux qu’on croise sont en oliveraie, et on se repère aux pylônes d’une ligne à haute tension. On traverse sans chemin tracé des campagnes abandonnées depuis une dizaine d’années, car les terrains sont gelés pour le projet de ZAC de la Constance. Ces campagnes ont été arpentées par Cézanne, et c’est de là qu’il a dégagé ses vues sur la Sainte-Victoire. A partir de l’analyse des photos aériennes anciennes, on arrive à savoir où étaient les restanques, ce qui était en vigne, en blé et en olivier. La pinède, mal entretenue, avec les arbres tombés au sol, on se demande s’ils sont tombés avec les dernières chutes de neige en 2009, ou bien suite à la grande tempête de 1999. 

Le projet de ZAC a été gagné par Christian Devillers en 2016 ou 2017. Les grandes lignes du projet, c’est, dans l’axe Nord-Sud, de conserver la Thumine et un de ses petits affluents, en soulignant avec avec des passerelles en hauteur ses ravins existants, transformés en parc paysager, vont servir de bassin d’orage. Dans dans le sens Est-Ouest, la composition est structurée par de grands axes vides qui pointent sur la Sainte Victoire, pour recréer les tableaux de Cézanne. 

Pour sortir de ces campagnes abandonnées, il a fallu rouvrir un chemin pour franchir le ravin de pas de Goule par un pontet envahi de mauvaises herbes. On arrive au golf d’Aix, où des gens puttent vers la Sainte-Victoire sous un ciel blanc. Au loin dans le virage, un petit bidonville de roms est toléré là par la ville. Avant le bidonville, on pique à droite dans les déblais du chantier de la future Smac (salle de musiques actuelles). En quittant le chantier, on passe dans la zone d’entrepôt des futurs abribus du bus Aixpress. On arrive chemin des Aubépines, on passe dans la résidences Les Hameaux de Martelly (relogement pour les gens du voyage). On entend les coqs. Les arrières de la résidence servent de bassin d’orage. Le chemin des Aubépines passe sous l’autoroute A8, on voit la fondation Vasarély qu’on longe par le chemin des Flâneurs. On tourne à droite sous les voies ferrées dans ce no mans land entre le rail et l’autoroute, où se loge encore un bidonville. Une passerelle sur l’autoroute A51 nous permet de rentrer dans la ZUP d’Encagnane. 

Dessin : Benoît Guillaume

Cette ZUP fin 60s début 70s dessinée par l’urbaniste Raymond Lopez avec dès le départ une volonté d’îlot ouvert plantés à l’intérieur et entourés de voies avec alignements d’arbre. Les documents d’époque nous disent que 40 000 m3 de terre végétale décapées avant la construction ont été conservées et remises en place pour les plantations. La liste des essences d’arbres est la suivante : cèdres bleues, pins noirs d’Autriche, pins parasol, cyprès bleus, cyprès verts, sapins, platanes, tilleuls, acacias besson, peupliers pyramidaux, saules concorta et catalpas. 5000 arbres qui ont aujourd’hui en moyenne 50 ans et sont tous à maturité. C’est une vraie ZUP verte. La traversée d’Encagnane va se faire par un grand détour. On suit d’abord la longue promenade parallèle à l’autoroute derrière le mur antibruit – jeux de boules, aire de jeux pour enfants, cour d’école. Au carrefour de l’A8 et de l’A51, la vie est rendue possible par cette promenade en longueur protégée des nuisances. Après un premier petit jardin partagé qui règle des problèmes de bas d’immeuble, on trouve une fontaine abandonnée puis on suit l’ancienne allée d’arbres de la bastide d’Encagnane (arbres plus que centenaire) et on atteint à l’extrémité sud de la ZUP le jardin partagé de Lou Grillet. On apprécie comment la rénovation de la ZUP se fait avec des jardinières, des plantations et le respect de plantation existantes. On traverse la ZUP, rue Camus on passe par des arrières d’immeubles frais et en arbres. Avenue du 8 mai, on voit des jardinières partagées. Rue des Frères-Vallon, les pins plantés devant les barres d’immeubles R+4 arrivent à maturité, tous les balcons sont dans la canopée des pins dont les troncs s’inclinent, pour s’éloigner des bâtiments et occuper le volume de la rue. 

On quitte la ZUP par la grande place du Marché. Là encore, des projets de fontaines aujourd’hui à sec. Les arbres souffrent du marché et de son nettoyage. On reprend l’avenue de l’Europe en faisant un petit détour par le parterre du Pasino, pelouse rase et puis en topiaire : on apprécie le contraste extrême avec tout ce qu’on a vu depuis ce matin.  

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Trame verte pratiquée #3

C’était juste avant. C’était le samedi juste avant. On était là. On faisait bisou du pied.

On prenait le bus et Stéphane faisait rire tout le monde, surtout le chauffeur. On était arrivés en haut. Aux Pennes-Mirabeau, en prenant le bus 89 jusqu’à l’arrêt les Tabors. Début de la trame verte.SAFI nous invitait à explorer un potentiel couloir écologique nord.Il y a deux massifs au nord de Marseille : La Nerthe et l’Etoile. Mais pas de vraie connexion entre ces deux espaces naturels. A proximité une autre ligne de force traverse le paysage, le fleuve des Aygalades.L’enjeu de cette « trame verte » est de relier ces trois «objets» de paysage en imaginant un couloir qui contourne l’urbain et permette aux êtres qui le voudraient de circuler. Nous cheminerons à partir d’une carte réalisé, par Noé Chassage du Service Environnement de la Ville de Marseille, comme une hypothèse de trame verte.La stratégie a été de quadriller le territoire, chaque carré se voyant attribuer des points pour ses qualités (surfaces perméables, quantité de biodiversité…), et de relier les mieux notés pour dessiner une trame verte. Construite à partir de données, le tracé n’a encore jamais été expérimenté en réel. SAFI nous propose pour mission de pratiquer cette trame verte et d’en explorer les conditions de passage.En mettant nos pieds dans cette carte et en suivant les pollens, ils nous invite à explorer l’incarnation de cet aménagement, ses potentiels, ses fluidités et ses empêchements dans nos villes et pour le vivant.Ensemble, allons pister les pollens !

Des poussières éclaireuses.

Issu du Grenelle de l’Environnement, la trame verte est l’ambition d’une circulation du vivant, qui, en de reliant des îlots de nature, permet à chacun d’accomplir son cycle de vie.

Ici, impossible d’aller tout droit, d’un massif à un autre, il faut composer avec des réalités foncières, écologiques, géographiques, sociales, politiques. C’est une serpentine qui se dessine en zigzaguant entre les réalités. Le pollen, invisible à l’oeil nu nous oblige à lire sa présence, et parce qu’il est en lien avec de nombreuses espèces, révèle des circulations et des interactions à l’oeuvre dans la trame verte. Suivre les pollens nous invite donc à lire le paysage et à le décrypter.

Un véhicule qui ne se déplace pas tout seul.

C’est dans le cadre de la fécondation que ça joue, les pollens.

Les plantes sont fixes et ont besoin du voyage du pollen pour qu’il y est rencontre avec un autre. Ce voyage contribue au brassage génétique des végétaux et offre aux plantes la capacité d’évoluer et de s’adapter aux changements environnementaux. Il existe des formes de reproductions non sexuées qui favorisent une extension rapide, mais génèrent des clones où la faible diversité des individus entraîne une mortalité accrue.

Les pollens sont donc chargés du transport des gamètes mâles jusqu’à l’ovule, partie femelle de la plante. Les plantes ont dû inventer des stratégies pour ce transport, certaines l’ont confié au vent et d’autre aux animaux ( notamment aux insectes).

20 % des plantes ont confiées leur pollen au vent (anémophiles).

Cette pollinisation du hasard, oblige les plantes à émettre mille fois plus de pollen. C’est une stratégie fréquente dans les pays froids où les arbres perdent leurs feuilles en hiver, ce qui facilite la circulation de l’air, mais cela provoque un risque d’auto-pollinisation très important. Aussi, la plupart des plantes anémophile ont des fleurs à sexes séparés. C’est le cas des conifères (pin…) de beaucoup de graminées (blé), des chénopodiacées (les épinards) et des polygonacées (l’oseille)

80 % des plantes confient leur pollen aux insectes (entomophiles)

Cet échange, précis et orienté se fonde autour d’un pacte : fécondation contre nourriture. Il est issu d’un processus de co-évolution. L’apparition d’odeurs, de formes, de couleurs et la fabrication de nectar chez les plantes s’est déroulé en même temps que l’évolution de la perception et des adaptations morphologiques chez les insectes.

Des balises pour que les insectes trouvent leur chemin.

Une plante est attractive pour un insecte, lorsque sa fleur contient du nectar ou du pollen abondant, nutritif ou appétissant. En prélevant sa nourriture, l’animal récolte le pollen situé sur les étamines (les parties mâles de la fleur) et le dépose sur une autre plante lors de son butinage, le pollen féconde ainsi l’ovule qui se développe pour devenir graine, à maturité elle aura aussi un voyage à faire, mais c’est une autre histoire. Bien visibles, odorantes, nectarifères, les fleurs ont souvent des couleurs attractives et des stries pour guider les pollinisateurs vers les organes à visiter et des formes adaptées aux pièces buccales des insectes. La fleur peut avoir un rôle clé dans la circulation des insectes; soit elle attire les insectes de manière massive et permet au passage la pollinisation d’espèces moins attractives ou, au contraire,  elle capte tous les insectes disponibles et diminue les chances des plantes moins attractives. Ce qui peut être le cas d’une plante nouvellement introduite.

Beaucoup de plantes ont des organes mâles et femelles dans la même fleur (amandier, chou sauvage…). Pour éviter de s’auto-féconder (autogamie), elles ont mis au point des systèmes qui évitent le contact entre les pièces mâles et femelles d’une même fleur, comme la maturation des pièces sexuelles étalée sur des périodes différentes (protandrie) ou une disposition étagée des organes reproducteurs (hétérostylie). Certaines plantes ont des fleurs uniquement femelles et des fleurs uniquement mâles sur la même plante. (noisetier, chêne, concombre sauvage…).D’autres plantes sont divisées en 2 pieds : un pied à fleurs mâles, et un pied à fleurs femelles et sont physiquement séparés (saule, silène, houblon, if…). La trame verte, c’est aussi ça.

Être plus connecté à son environnement, et capable de mieux s’adapter.

Des fictions corporelles.

Plonger, petites loupes botaniques à la main dans une communauté d’Erodium à petites fleurs violettes. Cette plante, de la famille des géraniums, laisse apparaître au centre de la fleur, une sorte de trompe trompe, en fait, le pistil qui mène à l’ovule, et de minuscule marteaux flexibles, les étamines qui portent le pollen,  une anatomie complexe et séduisante pour qui sait la lire.

Ici, à l’ombre d’un bosquets des plantes plus odorantes que ostentatoires, dans ces milieux sombres les insectes pollinisateurs passent moins, les plantes ont donc misées sur les odeurs pour les attirer de loin.

Là, un trou à la base de la corolle indique qu’un insecte n’a pas honoré le pacte, en passant par l’extérieur de la fleur il a subtilisé le nectar sans passer par la pollinisation.

Lunettes à filtre UV, plongés dans l’univers coloré des insectes, tout se modifie. l’urbain s’éteint, la roche s’éteint, tout de ce qui fait d’habitude attraction pour nous humain s’éteint. Alors les corolles des fleurs s’allume, deviennent fluorescentes, elles deviennent nos balises, notre obsession.

Petit à petit, sens en éveillent, nous devenons insectes, fleurs, vent, odeurs…

Un chemin qui nous rattrape.

Le chemin se ferme, le terrain qui faisait jonction se clôt, son nouveau propriétaire nous indique la route du contournement. Le passage dans la cité de la Castellane se complique et impose un détour par l’autre réalité qu’est Grand Littoral. Long couloir stérile, effluves chimiques, sol brûlant, absence de nectar, absence de partenaires, absence de repos, l’insecte que nous somme déplie ses jambes pour franchir ( et fuir ?)  les obstacles. Ici et là, en pas japonais, de petite taches vertes de pelouse (est-ce encore un habitat ?) descendent doucement vers la ville qui se fait plus « verte » .Cela nous laisse envisager des possibles. Par un trou du grillage, traversant le cimetière, nous plongeons vers le ruisseau des Aygalades où rencontrons la trame bleu, encore un chemin, celui des rivières ouvre les portes de la Méditerranée. Relier deux massifs à la Méditerranée est donc possible, mais plus facile pour certaines espèce que pour d’autres, une ligne d’équité est encore à dessiner.Le bus 30 nous ramène vers le centre-ville. Reprenant nos perceptions d’être humains, qui allait dans quelques jours, on ne s’en doutait pas, être capturé par un tout autre invisible et allait nous tenir à distance de ces couloirs du nord et de ces trajectoires entrelacées.

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La mauvaise réputation

Une série photographique de Geoffroy Mathieu d’après la Remontée du ruisseau

Lorsqu’immergés au « n-1 de la ville », parcourant un cours d’eau présenté comme un quasi-égout, on se retrouve face à une nature luxuriante et printanière traversée d’une lumière vive et contrastée dans laquelle les signes urbains sont presque absents : le vertige puissant. Comment ce sentiment si intense face à la nature peut-il être éprouvé alors que nos coordonnées GPS nous signale que nous sommes au coeur des quartiers nord de Marseille ?

La mauvaise réputation est le dernier travail du photographe Geoffroy Mathieu. Si au début du XXème, le ruisseau des Aygalades était encore un lieu de villégiature, un siècle d’urbanisation et d’industrialisation ont eu raison de sa continuité, de son débit et de son équilibre écologique à tel point que certains habitants en ont oublié même son existence. Cette mauvaise réputation pourrait aisément servir d’excuse pour ne pas s’occuper de sa renaturation alors même qu’Euromed 2 articule son projet autour de lui. C’est ainsi qu’en 2017, l’expédition La remontée du Ruisseau faite d’artistes, d’habitants, de chercheurs, d’aménageurs ont entrepris une remontée les pieds dans l’eau du ruisseau. Ils ont tous été saisis par les beautés cachées des Aygalades. Au fond du lit de cette rivière abîmée, entre deux segments busés, se déploie un espace de nature luxuriante inondé d’une lumière zénithale dans lequel les couleurs primaires des déchets, des plastiques et des objets hétéroclites, forment avec la végétation des tableaux paradoxaux. Dans les photographies de Geoffroy Mathieu, éclatantes de couleur et d’une composition extrêmement précise, le ruisseau devient ainsi motif de spéculation poétique autour de questions liées à l’écologie, l’aménagement du territoire, et l’espace public.

Une exposition de ces photos est présentée au sein de la Galerie Zoème à l’automne 2020.

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La part manquante

©Stéphane Brisset

« En juin 2017, nous avons participé à une exploration les pieds dans l’eau du ruisseau des Aygalades à Marseille. En marchant, les chercheurs de l’IMBE, l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale, racontent l’histoire de deux espèces qui vivent en interaction. L’une est présente dans le ruisseau, l’autre est introuvable. Ils racontent ce qui est là et la part manquante du ruisseau. Cette absence témoigne de dysfonctionnements, de rupture et de discontinuités écologiques, laissant ainsi apparaître la véritable nature des lieux. Ce récit, en plein et en creux, nous a semblé d’une grande force poétique. Il témoigne de la dualité du ruisseau, entre poubelle et paradis et nous invite à penser sa possible renaturation, au-delà du reverdissement, en privilégiant son fonctionnement et sa continuité écologique. Nous avons imaginé un récit dessiné tiré de cette narration, qui pourrait prendre la forme d’une édition. »

Le collectif SAFI

Un scénario proposé et dessiné par SAFI, collectif d’artistes-marcheurs-cueilleurs.

Avec la collaboration de l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale (IMBE)

La part manquante a donné lieu à une conférence « Voix d’eau » en juin 2018 et les dessins issus de cette recherche sont présents dans la Gazette du ruisseau n°1.

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Les cheminées de Collines

Des histoires autour du Ruisseau…

Pendant plusieurs mois des habitants de Marseille et de Septèmes-Les-Vallons sont régulièrement partis explorer une partie du massif de l’Étoile.

A la lisière des deux communes, là où émergent les pentes et où coule le ruisseau Caravelle qui un peu plus loin devient des Aygalades, se côtoient des histoires agricoles et industrielles.

Arpentant ce drôle de paysage à la fois en ruines et en réinvention, ils ont rencontré la longue histoire des pollutions urbaines et les usages pastoraux encore en cours.

Ces récits de promenades plongent dans l’imaginaire de ces lieux emblématiques tant de notre patrimoine industriel que de nos écosystèmes bouleversés.

Le Ruisseau des Aygalades (Caravelle) est un fleuve côtier dégradé dont le bassin versant traverse à partir du massif de l’Etoile (commune de Septêmes les Vallons) les quartiers nord de Marseille et le périmètre Euromediterranée pour se jeter à la mer dans le Grand Port de Marseille. Il est à la fois impacté et porteur des multiples histoires qui racontent le développement urbain et son rapport à l’eau (évolution des usages et des représentations de l’eau et de la rivière, impact de l’industrialisation, histoire des pollutions, gestion des déchets, des débits, etc.).
Après une longue période d’oubli collectif lié à sa disparition physique (busage), à sa dégradation écologique (pollutions multiples), au dérèglement de son débit, une ré-appropriation du ruisseau est en cours. Ce processus a émergé à partir de multiples initiatives et acteurs engageant une découverte de son histoire patrimoniale, de son rôle dans l’écologie urbaine, de ses potentialités tant pour l’amélioration du cadre de vie des humains que pour la biodiversité et l’élaboration de la trame verte et bleue.  L’animation de ce processus collectif et sa structuration narrative augmentent petit à petit ses capacités d’actions sur les représentations, les usages et sur la restauration du fleuve côtier…

Les balades « Les cheminées de Collines » sont construites collectivement avec le soutien de l’AESE, du Bureau des guides du GR2013 et la complicité de Septèmes Mémoire et patrimoine, du CIQ de Saint Antoine, de la chèvrerie communale de Septèmes-les-Vallons et du collectif des Gammares.

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Bouclette à Sainte-Marthe

Le portail, la Mauve et la biodiversité

C’est face à un portail que la balade d’aujourd’hui commence. Pas n’importe quel portail, celui de la ferme de la Tour des Pins, là juste à côté du boulevard. On commence à deviner la complexité de cet espace. Le bus nous dépose dans un contexte très urbain, immeubles et routes, béton, panneaux, travaux, et puis quelques pas plus loin, se dessinent les traverses – il y a là la traverse Cade, en cours de réaménagement, pour la circulation ici dans le quartier, la traverse de la Croix qui est un chemin de broussailles et d’Acanthes – par endroits les Figuiers débordent au dessus des vieux murs de pierre.

On s’arrête ici quelques instants, ça ressemble à un bon endroit pour commencer à parler de la biodiversité dans la ville. De part et d’autre du portail ça pousse, des deux côtés on a la Mauve que l’on retrouve presque partout ici à Marseille, avec son air bravache de plante qui aime s’installer dans les talus, les pieds d’arbres, les vagues parkings ; elle voudrait que ce soit partout un peu la campagne. Mais nous, on ne l’accepte pas forcément… alors on va essayer aujourd’hui d’observer et de comprendre la présence de la nature autour de nous.

Pour commencer, la biodiversité, qu’est-ce que c’est au juste ? On peut dire, c’est l’ensemble du vivant, donc les plantes, les animaux, tous les insectes ; ce qu’on aime, les beaux grands arbres et les fleurs, mais aussi ce qui nous plait moins, ceux et celles que l’on dit invasifs, nuisibles : mauvaises herbes, pucerons ou limaces… C’est ce qu’on voit, ce qui nous est invisible. Mais encore, la biodiversité, c’est aussi l’habitat : la terre, les types de sols, l’eau, le vent, le soleil, et puis, l’ensemble des interactions que les espèces ont entre elles et avec cet habitat… Autour de nous, elles ont besoin de vivre, se nourrir, se reproduire et pour cela de se déplacer. La biodiversité, c’est une grande chose.

Alors, avec notre portail ici à Sainte-Marthe, où en est-on de tout cela ?

On se rend compte, d’abord, qu’il y a en ville une grande fragmentation des espaces : ici une autoroute, ici une résidence, là une ferme, un parking, un jardin composé, une friche. L’espace urbain est séparé en poches, qui ont des caractéristiques et usages très différents, et entre lesquelles passent routes, murs et trottoirs. Ce passage, justement, c’est une question très importante qui va nous revenir à l’esprit plusieurs fois aujourd’hui, guider notre cheminement à la recherche de celui des plantes. Il y a la fragmentation et le passage…

Devant le portail, un premier passage : on parle du vent et de la pollinisation, celle du Pin par exemple, dont les graines s’envolent pour voyager et prendre vie ailleurs. Ici nous leur avons laissé la place, entre les grilles, par-dessus le mur ou dans les replis de ses pierres, on les laisse circuler et on les accueille. Mais ce que l’on voit aussi, c’est une nature comme enserrée, elle est dedans derrière la grille, et autour il y a le reste, la ville, nos activités à nous. On a mis une route, des murs, on aménage, et ce sont des gestes qui ont un impact sur la biodiversité. Parfois une menace, on ne laisse plus traverser. Au bord de la route un effort, on a créé une continuité entre elle et le terre-plein planté de nombreuses espèces, avec un paillage naturel… Ce que l’on voudrait faire, c’est favoriser, intégrer, et pour cela, observer encore un peu…

La ferme, la prairie et la ville

Nous voilà entrés dans la ferme et on chemine. C’est le domaine bastidaire, le terradou, où l’on habitait et où l’on cultivait. Aujourd’hui, ça change… mais ces années d’activité ont produit un sol d’une grande richesse, et il en reste une partie préservée. Sur ce territoire, une mosaïque de paysages : culture et pâture, prairie refuge des insectes, sous-bois, ou encore habitat. On découvre leur complémentarité.

On commence aux abords de la ferme, c’est un espace aménagé (avec les moyens du bord !), que l’on parcourt sur un chemin entre les enclos, où l’on croise les chèvres, les brebis, les vaches. Parce qu’ici est demeuré une exploitation agricole, on fait du fromage. Ça ne fonctionne pas tout à fait comme autrefois, on habite moins, cela tient plutôt lieu d’un geste de résistance, et aussi d’apprentissage. La société a changé et l’agriculture s’est éloignée de la ville, ou agrandie, industrialisée. Alors ici, malgré l’extension urbaine, on expérimente, on se demande s’il est possible de maintenir ou même de faire revenir une agriculture de proximité, là presque au cœur de la ville. La ferme de la Tour des Pins est aussi un lieu pédagogique, d’éducation à l’environnent par des animateurs.

Nous avons un premier milieu, qui est la partie cultivée. Ici le végétal rend service, remplit un rôle pour les hommes, les animaux mangent les herbes et les fleurs, et on fait le fromage.

On poursuit notre marche et on se dirige sous les arbres là-bas un peu plus loin. Le paysage change, tout est plus touffu et les herbes hautes et sauvages, un petit ruisseau passe par là, nous pataugeons juste un peu et sommes heureux d’être là, on ramasse une plume avec un liseré bleu, c’est une plume de pie. Ici c’est une autre gestion, ce n’est pas cultivé et la nature est laissée à elle-même. Les herbes hautes sont un refuge pour les insectes, qui viennent y pondre et se nourrir, les arbres mêlés pour les oiseaux. On apprend qu’ainsi, en n’intervenant pas, on laisse aux végétaux le temps d’accomplir un cycle entier, ils grandissent, font des fleurs et des fruits, qui servent de nourriture aux insectes et oiseaux (les bonnes prunes), avant de tomber à terre et de venir fertiliser le sol. Lorsque le végétal meurt, il poursuit son rôle pour la biodiversité, ce sont les cycles naturels. On observe donc, à cet endroit, beaucoup plus de la vie grouillante de la nature que ce n’était le cas un peu plus tôt, où le végétal était l’aliment des mammifères de la ferme. On observe aussi une plus grande diversité des plantes elles-mêmes. C’est un fouillis heureux, derrière l’ ‟abandon”, la vie…

La tèse, l’ombre et le jardinier

Dans notre mosaïque, il y a également un autre lieu : c’est la tèse, ce petit chemin entre les arbres, aux allures de sous-bois frais et humide, ombragé, avec sa glissée d’eau, cascade aménagée aux airs sauvages. La température est descendue et on sent l’humus, c’est un autre type d’espace de la biodiversité.

Mais ici, l’homme est intervenu, avec son bon sens et sa connaissance, c’est le jardinier, qui sait ménager des espaces nécessaires de fraicheur dans une région au climat parfois trop chaud et sec : il sait utiliser les végétaux et apporter l’eau, pour créer un micro-climat agréable à l’homme mais pas seulement, les insectes eux aussi viennent se mettre au frais ici, c’est un des micro-habitats que nous observons aujourd’hui !

Cela nous permet d’introduire la question du réchauffement climatique, de la nécessité de penser autrement les espaces que nous aménageons. Dans la balade, nous passons aussi sous un grand soleil qui brûle les herbes, et plus tard, sur la route d’asphalte, où les températures grimpent très rapidement et rendent le lieu moins hospitalier, aux hommes comme aux plantes et aux insectes. Apprendre à jardiner l’ombre…

La bastide, le Platane et le jardin d’acclimatation

Plus loin, nous arrivons aux abords de la bastide. Si elle n’est plus vraiment un lieu d’habitat agricole comme elle a pu l’être autrefois. Nous trouvons ici l’occasion d’une discussion qui commence avec le souvenir d’un platane… Ceux qui donnaient un peu d’ombre à ce terrain ne sont plus, semble-t-il en raison du chancre coloré qui les a emportés, comme de nombreux arbres de cette espèce… Cette maladie des platanes, apportée avec les caisses de munition des États-Unis lors de la Deuxième Guerre mondiale, nous a donné une leçon : celle du besoin d’acclimatation des plantes. 

Les platanes américains s’étaient de l’autre côté de l’Atlantique habitués au chancre coloré et n’en souffraient plus, mais cela a été fatal aux nôtres qui ne le connaissaient pas… C’est un phénomène que l’on retrouve en d’autres endroits aujourd’hui, et où notre manière de jardiner et d’aménager reproduit des erreurs dont nous connaissons pourtant les finalités. Les plantes des jardineries par exemple sont souvent importées, et plantées dans nos jardins sans un temps nécessaire d’acclimatation ; elles y développent des maladies. Une des manières qu’ont les plantes de se protéger sont les tanins, une amertume des feuilles qui les défend contre certains insectes. On se rend ainsi compte du sens du jardin d’acclimatation, et du besoin que nous avons de mieux gérer la temporalité des implantations des espèces.

Cette histoire de temps et d’adaptation, c’est aussi celle du soleil et des conditions difficiles. Le Chêne vert, qui résiste à la forte chaleur, grimpe plus haut dans la colline, et il offre un couvert végétal même avec très peu d’eau ; le tilleul aux larges feuilles qui transpirent, offre une ombre fraîche, très bonne pour nous et les insectes, et lui aussi sait s’adapter : s’il n’y a pas assez d’eau, les feuilles deviennent plus petites et se couvrent de poils blancs qui retiennent l’humidité. Face à la rapidité du changement climatique, qui est aujourd’hui une menace, le temps qu’ont pris les plantes à s’adapter à un milieu difficile est un atout pour nous et pour la biodiversité, et nous devons y porter attention.

Le Cyprès, le bassin et la connaissance

Non loin de là, le Cyprès chauve, qui a lui aussi une histoire à nous transmettre. Pour sa part il est plutôt adapté aux milieux très humides, on le trouve par exemple dans les bayous de Louisiane, étrange donc de le rencontrer ici… mais pas tout à fait ! Sa manière à lui de faire avec son milieu (les pieds dans l’eau), est d’avoir développé des pneumatophores, racines qui ressortent de terre pour permettre à l’arbre de respirer même dans un terrain inondé. 

Pourquoi il se sent bien ici… ? En bas de la pente, il bénéficie des fuites du bassin de rétention des eaux du Verdon situé un peu plus haut ! Ces petits dysfonctionnements sont en fait une bénédiction pour la flore qui s’en trouve irriguée. Donc les réparer oui, mais pas trop, puisqu’aussi la présence de ce Cyprès, dont les feuilles tombent et ainsi nourrissent le sol, est un atout. 

Ce cyprès fut un jour installé là par un jardinier malin et plein de savoir, et ce mélange d’action humaine et de laisser faire, de maitrise et de naturel, donne plutôt de bons résultats.

Se dessine alors l’importance de la connaissance que nous avons de la nature, des espèces avec qui nous vivons, de leur fonctionnement. Cette question de nos manques de connaissances reviendra régulièrement dans les conversations d’aujourd’hui, chacun reconnaissant que pour prendre soin de la nature, mieux nous inscrire dans ses cycles et éviter les erreurs (comme celle de couper les pneumatophores !), il est bon d’apprendre.

Le chercheur, l’apprenti et le désherbage

Cheminant, nous arrivons au Parc Urbain des Papillons, autre exemple de gestion de la nature en ville et autre pièce de la mosaïque. Ici, l’ambiance est à la friche douce… Il s’agit d’un lieu de recherche observé par le LPED, dans le cadre d’études sur la nature en ville, et mis en travail par les élèves du lycée agricole des calanques, futurs jardiniers de nos villes. On travaille ici sur les réservoirs biologiques, et on apprend à jardiner autrement.

L’un des constats de ces études est que plus on va vers le cœur de la ville, moins les espèces présentes sont différentes : on y trouve des plantes généralistes, pas forcément méditerranéennes, et la diversité est bien moindre que là où la nature se régule elle-même. Cette sélection sur les espèces végétales impacte la présence des insectes : là aussi leur diversité diminue. Aussi on Parc Urbain des Papillons, on travaille à améliorer cette diversité, dont le papillon est un bon indice. Il s’agit de comprendre quelle plante permet à une espèce de venir s’installer (habiter, se nourrir et nourrir sa chenille). 

Dans un souci esthétique, certaines espèces sont dénigrées dans les jardins, publics ou privés, au profit d’autres qui n’attirent pas forcément les espèces méditerranéennes ; choix des espèces par goût, et désherbage de ce qui dépasse et ne plait pas… Ici en revanche il s’agit de comprendre quels gestes favorisent la biodiversité. Le désherbage est tout un art et un apprentissage, il se fait à la main, la machine ayant tendance à labourer les sols et tuer la vie. Mais pour bien désherber il est nécessaire de savoir reconnaitre les plantes et leur utilité à chacune… la connaissance encore.

Le parc est composé de parcelles : certaines sont des espaces réserves auxquels on ne touche pas, où on laisse le naturel évoluer. Ainsi, le liseron a disparu et des pruniers ont grandi. D’autres parcelles sont plantées, même s’il y a une intervention très légère : le Baguenaudier a été planté, qui attire une sorte spécifique de papillon, le Fenouil (qui attire le Machaon du fenouil), la Lavande, l’Immortelle, l’Arbousier (qui attire le Pacha à deux queues)… Ainsi les espèces de papillons présentes sont déjà passées de 24 à 36 !

Le talus, l’abandon et le potager

À propos de plantes sauvages… Nous prenons le temps de nous arrêter sur un talus. On retrouve ici dans toute leur vigueur ces fameuses indésirables, herbes folles méconnues, coriaces, qui s’installent où ne voudrait pas. Elles profitent d’un terrain en attente d’aménagement, d’un coin de friche, et y profilèrent. On trouve que cela fait abandonné, pas entretenu, et on voudrait désherber… Non ! Derrière cette impression d’abandon encore une fois, c’est la grande vie, et cela regorge d’astuces pour la biodiversité (chenilles et papillons, les guêpes y virevoltent, trouvent ici la cellulose des feuilles pour faire leur nid), pour nos papilles, et même pour le changement climatique.

On continue d’apprendre que toutes nos plantes cultivées ont des ancêtres sauvages présents ici que l’on peut aujourd’hui encore déguster. Alors petite cueillette et dégustation, cours en plein air de cuisine sauvage. On croise et on explique : la Calament nepeta (qui se ramasse sur le chemin et qu’on goûtera en tisane), la Chicorée, la Mauve où tout se mange du fruit aux feuilles, la Roquette sauvage du trottoir, piquante et amère, le Rumex ancêtre de l’épinard, Beta maritima d’où vient la betterave (par sélection des tiges les plus rouges) et les bettes (ses feuilles), le Chardon ancêtre de l’artichaut, le bon Fenouil sauvage… Comme un savoir oublié avec lequel nous sommes très heureux de renouer, il aura suffit de quelques explications et déjà germent les idées de potager sauvage.

Ce qu’on apprend aussi, c’est que ces espèces délicieuses ont pris l’habitude de s’installer dans des espaces difficiles, sur une terre sèche en plein soleil, en pente… et que si elles sont dites envahissantes, elles sont aussi très résistantes, et peuvent nous être utiles à adapter notre environnement au changement climatique, favoriser la vie des insectes et des sols dans des conditions moins favorables, et finalement penser autrement la nature en ville.

Le Buis, la pouzzolane et la diversité

Presque au terme de notre balade, on se dirige vers le quartier Mirabilis, là haut où on commence à voir la colline. Urbanisé récemment, l’endroit fait encore bien propre et neuf, avec son jardin très contemporain : espèces choisies plus ou moins exotiques et en un nombre assez réduit, bien délimitées les unes des autres, et un sol recouvert de pouzzolane (roche volcanique utilisée en paillage dans les massifs d’arbustes pour éviter la pousse des herbes indésirables, qui de plus renvoie la chaleur et fait grimper la température !). Au milieu passe un chemin bien net, puis la route d’asphalte. En somme, une sorte de contre-exemple de ce que nous avons rencontré un peu plus tôt ?

Un petit inventaire, on trouve notamment ici  beaucoup de Buis déjà attaqué par la fameuse pyrale qui en dévore les feuilles et provoque de gros dégâts,  la Sauge d’Afghanistan ou la Verveine de Buenos aires. Beaucoup de plantes que l’on ne croise pas dans ce cadre méditerranéen normalement. On voit ici la maitrise humaine, et des espèces choisies par goût et esthétique, un arrangement qui facilite un entretien rapide. Mais dans cette volonté de maîtrise, on décèle aussi précipitation et erreur, avec des plantations qui ne tiendront pas et déjà se dégradent, par défaut de connaissance. C’est le cas de ce pauvre buis, et plus tôt dans la balade peut-être de ces jeunes arbres plantés trop proches les uns des autres.

C’est aussi le calme du côté des insectes, et on observe seulement une sorte d’abeilles, car une seule fleur est présente (la petite fleur bleue de la Verveine). Il n’y a pas de possibilité pour d’autres espèces d’insectes de se trouver bien ici, par exemple l’abeille sauvage du Genet de la colline, qui ne trouve pas ici son alimentation. Alors avec les leçons que nous donnent les plantes sur leurs cycles, leurs modes de reproduction, on se dit que l’on pourrait faire autrement… mêler le planté et le non planté, ce qu’on aime et les plantes spontanées à qui laisser une place.

Le trottoir, le Coquelicot et nous

Retour à la Mauve, ou au Coquelicot ou à toutes les autres, mais pourquoi pas le Coquelicot, assez emblématique puisqu’il transporte sa beauté fragile au bord des routes, le long des murs, dans les failles des trottoirs, pour notre grand plaisir. Ces fameux trottoirs qui se fendillent, se fissurent, entre lesquels ressurgissent les herbes qu’on avait privées d’habitat, et de passage. 

On se raconte des histoires de voyage… de papillons qui traversent la Méditerranée ou d’habitants qui traversent la rue, de Coquelicots qui voyagent, eux aussi, dans la ville. Car c’est ainsi que se déplacent les plantes, en suivant tout simplement les mêmes itinéraires que les nôtres. Parmi nous circulent les graines prises dans le vent, qui se frayent un chemin dans les espaces disponibles, grandissent, et au fil des générations repartent dans le vent s’installer ailleurs.

Nous nous rendons compte aujourd’hui que nous partageons cet espace commun de la ville, et comprenons la nécessité de changer notre regard et nos pratiques.

Dans notre trottoir on trouve Lactuca perennis, une laitue, le Laiteron maraicher, longtemps vendu sur les marchés, on en faisait des salades, ou encore Dittrichia viscosa (l’Inule visqueuse), qui a l’avantage de fleurir après les autres et de nourrir les papillons… Aux pieds des arbres, les plantes sauvages les aident à rester au frais, et les insectes trouvent là du nectar pour polliniser l’arbre qui pourra continuer à faire ses graines. 

Ce qui ressemble à un manque d’entretien remplit un rôle dans la biodiversité, à nous aussi de changer de regard, comme le propose audacieusement une participante tout en avouant son aversion pour les herbes folles qui poussent dans sa traverse… A nous de jouer! 

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La gazette du Ruisseau : et de 5 !

Pour prendre des nouvelles du fleuve côtier Caravelle-Aygalades

La gazette du Ruisseau // N°1 2020

La gazette du Ruisseau // N°2 2021

La gazette du Ruisseau // N°3 2022

La gazette du Ruisseau // N°4 2023

La gazette du Ruisseau // N°5 2024

La rédaction a été assurée par les membres du collectif des Gammares.
Ce journal a été imprimé par CCI (Marseille) et mis en page par Pierre Tandille (n°1 à 4) et Alice Durot (n°5).
Il est soutenu par le projet européen Nature For City Life porté par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, par l’Agence de l’eau RMC dans le cadre du Contrat de baie de la Métropole Aix Marseille Provence ainsi que par l’Établissement Public d’Aménagement et de Gestion des Eaux « Huveaune Côtiers Aygalades » (EPAGE HuCA).

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