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Art, science et participation : qui, que, quoi, dont, où ?

Article extrait du Fanzine Paysage Pas sage #2

(septembre-décembre 2024)
Écrit par Noémie Behr

Présence des micro-plastiques dans l’étang de Berre, état biologique du ruisseau Caravelle-Aygalades, qualité de l’air et présence de lichens… Les scientifiques nourrissent continuellement nos expériences. Dans quelles conditions pouvons- nous faire de leurs recherches un savoir commun ? Quel rôle peuvent jouer les artistes dans la production et le partage de connaissances ?

Cela fait 10 ans à présent que nous explorons et documentons avec les habitants, les artistes, mais aussi les chercheurs, ce que c’est que d’habiter ce territoire, dans toutes ses dimensions : écologiques, sociologiques, géologiques, historiques… Cela prend la forme de grandes enquêtes, d’expérimentations artistiques, de publications. Avec la prise de conscience de la crise écologique, et de la nécessité de nourrir une recherche partagée sur le vivant et les communs, l’idée de voir nos pratiques comme une vaste recherche-action s’est progressivement imposée. Utiliser ce terme, alors que nous ne sommes pas nous-mêmes scientifiques, est pour nous une manière de revendiquer que nous sommes aussi producteurs de savoirs, des savoirs qui seraient des communs, issus de l’interaction entre différentes catégories d’acteurs et de catégories de connaissances.

La dimension de l’imaginaire et du sensible, et donc le rôle des artistes, est centrale dans cette démarche. Il ne s’agit pas seulement d’une couche d’émotion et de subjectivité qui viendrait enchanter ou illustrer notre rapport au réel, ni d’en faire des agents d’animation de la participation citoyenne, brandie comme échelle de valeur ou comme argument marketing de l’action territoriale.

Nous croyons, comme Jean Cristofol1, que les artistes mettent en œuvre au-delà de leur subjectivité, des démarches actives et critiques d’investigation d’une relation au monde. Ils ont une part cruciale dans la production de savoirs collectifs, qui mêlent savoir et sensible.


Le collectif des Gammares qui s’est constitué pour prendre soin du ruisseau Caravelle-Aygalades, est un exemple de processus dans lequel l’appropriation citoyenne d’un enjeu écologique a intégré dès l’origine le rôle des artistes.

Le Laboratoire Plastique de Pamparigouste en est un, qui propose pendant 3 ans de mener de front une recherche physico- chimique, une recherche sociologique et une recherche artistique, avec comme sujet central la présence des micro- plastiques dans l’étang de Berre. Nous proposons aussi cet automne Airwalk : un programme de balades conçues avec les artistes du collectif SAFI pour mieux comprendre les questions de qualité de l’air au travers de l’observation des lichens.

Ces deux dispositifs ont été imaginés en connivence avec l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions (IECP) de Fos-sur-mer. Ce laboratoire de recherche original, qui cultive son indépendance et sa gouvernance partagée avec les habitants concernés par les pollutions, a mis la participation citoyenne au cœur de sa raison d’être. Avec le dispositif VOCE2, ils proposent aux citoyens de récolter de la donnée environnementale selon des protocoles scientifiques robustes, permettant de nourrir le travail des chercheurs.

Nous avons invité les artistes à venir s’enrichir du travail de l’IECP (mais aussi des laboratoires CHROME de l’Université de Nîmes, de l’UMR G-eau de l’INRA) et de partager avec les scientifiques leurs propres démarches de recherche artistique. Cela pose la question de la pratique qui est parfois intitulée art-science. Comprise de manière simpliste, elle serait le fruit de la rencontre de deux domaines distincts, celui des sciences d’un côté, et celui de l’art de l’autre, dont le croisement créerait une sous catégorie de productions issues des collaborations des uns et des autres.

Jean Cristofol propose plutôt de voir ces rencontres comme des moments de trouble, de déstabilisation, de perturbation qui valent justement par cela. La relation art-science est ainsi une façon pour les artistes comme pour les scientifiques de mettre en jeu leurs propres activités, leurs propres pratiques, et leur propre relation au réel et à la société civile. C’est ainsi le jeu de ces multiples interactions, croisements et parfois rapports de force entre sciences et techniques, récits et images, enjeux écologiques et sociaux qui est passionnant et qui continue de nourrir notre désir d’expérimenter. C’est aussi pour nous la condition non seulement pour produire mais surtout pour “pratiquer” un savoir partagé comme le dit Vincent Puig1 c’est-à-dire de le rendre mobilisable, à même de donner aux citoyens que nous sommes un moyen d’agir dans notre champ social et sur notre environnement.

1 Cet article s’inspire des contributions de Julie de Muer, Vincent Puig et Jean Cristofol dans le n°1 des cahiers Mésozoaires “Synergies. La recherche artistique participative”, édité par l’École Supérieure d’Art d’Aix en Provence et les presses du Réel.
2 Pour en savoir plus sur les Volontaires pour l’observation citoyenne de l’environnement (VOCE), rendez-vous sur le site www.institut- ecocitoyen.fr

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Le GR2013 de la métropole d’Aix-Marseille, un sentier pour contribuer à faire société

Tribune publiée dans le journal Libération le 30 juillet 2023

Le sentier de randonnée métropolitain qui relie trente-huit communes autour de Marseille fête cette année son dixième anniversaire. Plus qu’une simple marche, ce chemin vise à révéler les interdépendances et les fractures du territoire.

Le GR2013, un sentier de randonnée dit «métropolitain», célèbre cette année ses 10 ans. Ce qui le différencie des GR plus classiques, c’est qu’il est urbain et périurbain certes, mais surtout qu’il prend explicitement acte du fait que tout sentier de randonnée constitue un récit de territoire. En donnant à voir certaines choses et en omettant d’autres, un sentier peut donner aux paysages qu’il traverse la capacité de nous faire penser. Le tracé du sentier dessine deux boucles autour de l’étang de Berre et du massif de l’Etoile, reliant trente-huit communes de ce qui allait devenir la métropole d’Aix-Marseille. Elles se rejoignent en un signe de l’infini à la gare d’Aix-en-Provence TGV, posée sur le plateau de l’Arbois. C’est une infrastructure physique légère : un tracé sur les cartes IGN, l’assurance d’une continuité pédestre, des balises rouge et or, un topoguide.

Cette infrastructure révèle une vérité trop souvent oubliée : quelles que soient les assignations et ségrégations spatiales, nous sommes toujours sur le même sol. C’est sur un même sol que se dressent les résidences fermées du sud de Marseille, les cités précarisées des quartiers Nord, les zones commerciales de Vitrolles, de Plan-de-Campagne, d’Aix-la-Pioline ou encore les zones industrielles du pourtour de l’étang de Berre. C’est encore sur ce même sol que se dressent les massifs du Garlaban, de l’Etoile, de la Nerthe et de la Fare, que coulent la Cadière, la Touloubre, l’Arc, l’Huveaune et les petits fleuves côtiers comme le ruisseau des Aygalades.

Monde social très fragmenté

Le GR est l’ébauche d’une enquête, toujours à reprendre, consistant à pister les interdépendances entre toutes ces réalités qui paraissent lointaines, fragmentaires et parfois même incompatibles. Comment sort-on aujourd’hui à pied d’une ville comme Marseille ? Quelles réalités foncières traversent les infrastructures d’adduction de l’eau potable ? Comment franchir une autoroute ? Est-ce possible de se faufiler entre les golfs et les résidences privés jusqu’aux terres agricoles qui restent ? Qu’est-ce qui concentre aux mêmes endroits stands de tirs, aires d’accueil de gens de voyages, transformateurs électriques, lieux de cruising gay ou encore décharges officielles et sauvages alors qu’ailleurs se concentre la richesse ? Comment passe-t-on d’un monde à l’autre ?

Il ne s’agit pas de nier les frontières invisibles que produisent un monde social très fragmenté ou les logiques de zonages urbanistiques et économiques qui composent l’espace métropolitain. Il s’agit plutôt de comprendre par l’expérience physique et sensible comment ces fragmentations se matérialisent, par quelles opérations elles prennent corps, mais aussi de se rappeler que toujours les vies débordent ces zonages. Au milieu de la zone commerciale de la Valentine, le vieux village se cache ; dans l’enceinte de l’aéroport, les oiseaux habitent les anciens salins du Lion ; dans les forêts domaniales de Septèmes, une carrière Lafarge capte les sources d’un cours d’eau… Sous les zonages, les terres communes – pour le meilleur et pour le pire. Depuis la création du GR dans le contexte de la Capitale européenne de la culture, ce sentier hybride est un espace depuis lequel on peut contribuer à faire société. De même que le GR2013 participe à déjouer l’impuissance face aux assignations spatiales, explorer et expérimenter l’activation d’un tel sentier demande de refuser les assignations disciplinaires.

Tantôt équipement culturel, tantôt école buissonnière, parfois zone à ménager (ZAM), support de constructions d’«hospitalité» ou même «tiers-lieu de plein air», il a fallu multiplier les manières de nommer le sentier pour en comprendre les potentialités. Ces randonnées se rapprochent parfois de pratiques d’éducation populaire, parfois des arts de la rue ou du paysage, parfois du séminaire d’écologie politique. Elles flirtent avec les sciences participatives comme espace de veille territoriale. Elles se font aussi carnaval, ferment de micro-communautés émergentes.

Une manière de se relier

Dans tous les cas, ces marches sont une Tribune publiée dans le journal Libération le 30 juillet 2023invitation à aller dehors, collectivement, à enquêter sur les lieux qu’on habite, à pister les interdépendances territoriales, à se raconter les myriades d’histoires qui fabriquent quotidiennement tout milieu de vie. Ces marches croient en l’importance de la mise en commun de la diversité de nos savoirs. Si l’on veut que les terres soient communes pour le meilleur et pas que pour le pire, il faut apprendre à faire communauté.

Marcher est devenu une manière de se relier, métaphoriquement et physiquement, de redistribuer la hiérarchie habituelle des savoirs (l’agent de sécurité apprendra à la philosophe, l’écologiste écoutera attentivement le collectif habitant autour de tel vallon, l’urbaniste passera la journée les pieds dans le ruisseau qu’il n’a vu qu’en carte et s’en laissera émouvoir). Mais on ne peut prédire à l’avance ce dont cette redistribution nous rendra capable. Ces marches sont un pari sur le fait qu’apprendre à faire sens en commun est susceptible de nous rendre plus résilients – intimement, collectivement, écologiquement.

Une proposition qui mise sur notre capacité à faire sens en commun, sans prédire ce que cette capacité devrait rendre possible, c’est ce que la philosophe Isabelle Stengers appelle un «dispositif génératif», et qui appartient aux arts de la palabre. Ces arts participent, suggère-t-elle, à la résurgence des communs, comme capacité à lutter contre les formes d’accaparement et de destruction auxquelles nous faisons face. Dix années d’expérimentations à partir du GR2013 ont permis de donner de la force à cette hypothèse. La marche collective comme palabre ça commence très simplement, c’est partir marcher et se raconter des histoires. Et de proche en proche, dans le temps long du processus, se réinventent (ou se redécouvrent) de potentiels communs territoriaux.

par Antoine Devillet et Julie de Muer

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La balade sonore du ruisseau

Une balade sonore pour découvrir le ruisseau Caravelle-Aygalades

Ecoutez-la depuis l’entrée principale de la Cité des Arts de la Rue, au 225 avenue Ibrahim Ali 13015, ou bien depuis l’entrée du Jardin de la cascade, 32 bis rue Augustin Roux 13015. Une balade pour découvrir le ruisseau Caravelle-Aygalades, le Jardin de la cascade et le collectif des Gammares. Les photos de chaque piste vous indiquent là où déclencher les points d’écoute. Avant toute chose, écoutez l’intro. Une création avec des sons empruntés aux formidables artistes sonores Christophe Modica, Erikm, Yosi Horikawa et Meitei.

©Pierre Tandille

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Le Tarot du Ruisseau

Un tarot humaniste pour se connecter au fleuve côtier Caravelle-Aygalades

Approchez et interrogez les cartes ! Elles vous dévoilent le cours des choses et le flot de vos énergies par les arcanes du ruisseau. Profitez, car que vous soyez en période de crue ou plutôt à sec, il vous faut bien mener votre kayak…

Il a été réalisé en 2023 par les membres du collectif Gammares, sur une idée de Marielle Agboton et Marine Torres illustrée par Melvil Legrand. Édité en 200 exemplaires par l’imprimerie marseillaise CCI située à deux pas du fleuve côtier Caravelle – Aygalades. 

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Le voyage estival de Ricochet

Poursuivant sa quête infinie de Pamparigouste, le drôle d’équipage reprend cet été ses explorations de l’étang de Berre, et rajoute quelques chapitres à sa folle aventure !


Sensibilisation aux enjeux écologiques de l’étang et à sa réhabilitation, valorisation des mémoires riveraines et créations artistiques partagées, le Voyage estival propose à l’occasion d’une navigation du Ressentiscaphe, la plateforme flottante du Collectif SAFI, des temps de rencontres sur les rives avec les artistes Camille Goujon, Maxime Paulet, les Pas Perdus, Hélène Dattler, Grégoire Édouard ou encore Fabrice Gallis et son laboratoire des hypothèses. 


Cette année ce sont aussi les enfants qui vont fabriquer l’expédition. Missionné•es par le Bureau des guides et un mystérieux navigateur errant, un équipage de jeunes aventurier•es mènera une quête de 10 jours pour rencontrer artistes et habitants des rives, et créer la carte qui redonnera sa place à la lagune.


Alors direction l’étang !

Dans le cadre de l’expédition Pamparigouste.

Dans le cadre du programme « Rouvrir le Monde", un dispositif de la DRAC PACA dans le cadre de l’été culturel 2022 du Ministère de la Culture », avec le soutien de la commune de Martigues dans le cadre de Bel été, en partenariat avec l'association Voyons voir et avec les communes de Saint-Chamas, Rognac, Berre L'étang, Miramas, Istres et Martigues. Avec également l'implication des associations 8 vies pour la planète, Nostamar, Ricochet, les bases nautiques riveraines, le centre social Aquarelle de Berre l'Etang et la Maison de quartier de ND les Marins à Martigues.

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La cavale du CDI

Récit d’une cavale pédestre improvisée entre Vitrolles et Saint Chamas…

Mai 2020 // Étang de Berre / Texte : Antoine Devillet et Julie Demuer / Photos : Marielle Agboton

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Du canal au Jarret

Récit de la conversation marchée du 16 avril 2022 

Ça se passe dans le 4-5… de Marseille, obviously.

14:00 aux 5 Avenues. 25°. Soleil, soleil, soleil.

Nord, Sud, Ouest, Est. Les participants arrivent de partout et se regroupent sur cet embranchement qui porte bien son nom.

Les habitués se claquent la bise. Les quelques non-inscrits sont acceptés malgré une liste aussi longue que la feuille A4. On n’attendra pas les retardataires.

C’est à une respectueuse balade, érudite et sensible, ludique et informelle pédagogique et sensorielle que nous invite Dalila. Ouverte à toutes et à tous (pas Dalila, mais la visite !), proposée par la Mairie du 4-5, avec comme promesse en fin de journée, un amour acquis ou accru pour tout ce qui bouge et des inscriptions futures à des tas d’initiatives de consultations citoyennes de proximité.

Penser la ville et sa biodiversité. S’attrister, s’émerveiller, s’offusquer. Constater. Fulminer. Rire du gâchis, de la gabegie, du grabuge. Se fâcher. Se relâcher. Respirer. Sentir, humer. Parfois, se boucher le nez, dans notre souvenir ou en vrai. Ne pas en croire ses yeux ni ses oreilles.

Se sentir rassuré, rasséréné. Au moins, un p’tit moment. Retrouver son calme, sa sérénité, grâce à nos sentinelles, oiseaux, papillons, abeilles et à nos jeunes et moins jeunes, gardiens du temps, actifs chacun à sa manière. Au moins, un p’tit moment. Car ça urge, cette histoire de danger climatique.

Balade de prévention sans prétention, pleine de précisions et de circonvolutions qui va nous mener en zigzag autour du parc Longchamp sans jamais y pénétrer ! ça, c’est très fort et on est très fiers d’avoir nargué en le frôlant ce majestueux mastodonte au pouvoir imposant !

Calme des petites rues en crête de colline. La ville en contrebas vrombit de l’effervescence politique du meeting du président candidat, juché lui aussi sur un promontoire, près du zéro degré de la mer.

Parcourir pour Comprendre. Comprendre en regardant. Se faire expliquer. Découvrir. Partager. Marcher, grimper. Monter, descendre, remonter, redescendre.

S’arrêter. Ecouter.

Prendre des notes, prendre des photos, prendre le temps, prendre le pouls de la ville. Mettre les lunettes de soleil, le chapeau, enlever l’écharpe, la veste, le pull… Sortir la gourde. Resserrer ses lacets. Trouver un banc, vite vite. A l’ombre, svp ! Se retrouver bras nus après 2 h à haleter en plein soleil.

Déambuler, piétiner. Croiser des gens perplexes ou goguenards.

Contribuer. Participer. Enrichir le récit avec une anecdote vécue, un souvenir d’enfance.

Comprendre mais comprendre quoi ?

Du flou et du moins flou. Les enjeux, la planète, la ville dans sa complexité, les travers des habitants, les contraintes des intervenants techniques, les services municipaux, la Métropole, les entités incontournables qui gèrent tant bien que mal notre confort urbain, les acronymes ronflants (la SEM et la SERAM), la chaleur, accablante et bienveillante, l’artificialisation qu’il faut contrer par nos astuces, aussi infimes soient-elles…

Et l’eau, encore et toujours Elle, héroine de Marseille : écologique à 200%, gaspillée ou économisée à tort ou à raison, précieuse et dangereuse.

L’eau qui fuit, l’eau qui coule, l’eau qui stagne.

L’eau qui s’infiltre, l’eau qui résiste.

L’eau que l’on gâche et celle que l’on préserve.

L’eau très très cruche, qui se perd et celle, plus astucieuse, qui se recycle dans les fontaines. L’eau qui permet la vie. La vie, rien que ça !

Et l’insecte. Bestiole énigmatique, si simple à décrypter, limpide à décoder : il est comme nous ! C’est bête à dire mais il fallait le dire.

« Il a besoin de se …. et de se… et de se…. et de se… » (devinette pour les participants). De se nourrir, de se reposer, de se transporter, de se reproduire.

Il se balade, traverse, reste, cohabite, communique, s’abrite, se désaltère. Il se pose, mange un brin, boit un coup, se regroupe avec ses compagnons… Comme nous. Comme nous, il pratique le brassage des gènes ; il cherche et trouve un autre lui, différent, pour s’adapter et survivre. C’est mieux à deux ou trois ou dix. United we stand.

Les clichés tombent les uns après les autres

Au fil des rues et des arrêts

coup de balai

à nos notions erronées

tellement ancrées

bien trop romantiques pour être vraies :

* La garrigue : cruelle et perfide envers les insectes, peu accueillante car elle ne propose pas d’ombre. Car où se protéger ? Incessante quête d’une zone d’abri pour le gîte et le couvert, se cacher, ralentir son métabolisme.

* Le papillon : insecte territorial pas du tout pacifique, éminemment belliqueux, maître de sa zone de guet d’où il alterne attaque et défense

* Le bâtiment : obstacle qui gêne la graine

Or, la graine DOIT voyager. Car de sa rencontre avec le substrat, naît la plante.

* La danse de l’abeille : pas du tout un manque de coordination incohérent, erratique. Au contraire, un système ingénieux de messages codés pour optimiser déplacements et productivité en échangeant des infos cruciales avec ses congénères (mime de l’intervenante avec le corps, la voix, les bras levés ‘viens par ici, ya du bon’, ‘encore un peu à droite, le festin te tend les bras’, ‘je suis là, je suis la belle, la resplendissante, toute parée d’indices comme un étendard vers mon suc’, ‘j’ai de grands pétales, tra la la, pour mieux t’attirer’, ‘mon cœur tout foncé te guide’, ‘prend le chemin vers moi’…)

* Les chats errants trop bien nourris : c’est faire une bonne action envers Dame Nature que de leur apporter à manger. Car l’inciter à ne pas courir après les oiseaux, c’est maintenir intacte la fragile chaîne de vie. Une des mille leçons de la journée : On peut, on doit, on n’a pas le choix que contribuer, à notre modeste niveau, à tout ce qui peut permettre à la vie de prospérer

* La canne de Provence : plante aux mille usages, utilitaires, religieux, biologiques dans des domaines variés comme en musique, liturgie, écriture, mise à l’abri… On évoque pèle mêle les très actuels Rameaux de la tradition chrétienne, La Canebière pour Marseille qui fut un grand comptoir de chanvre (en provençal ‘canebe’) pour la fabrication et le commerce des cordages, les valeureux étudiants paysagistes penchés sur des parcelles qu’ils sortent de l’anonymat pour l’étonnement des yeux et le bien-être des bestioles (encore elles !)

* Les trottoirs : la terre est rendue stérile par des siècles d’activités. La bitumisation qui imperméabilise et engendre des risques d’inondation. Tout ce qu’on pensait bienfaisant pour le confort de nos semelles est nuisible à long terme

* La rosée : seules les plantes savent la capter. La Nature est ainsi faite qu’elle surpasse en ingéniosité le plus diplômé des humains aménageurs d’espaces

Butiner = Aller chercher du nectar avec sa trompe.

Se débrouiller. L’offre et la demande. Ces gracieuses créatures du vivant sont très variées pour répondre à la morphologie des appareils buccaux. Et puis, si chaque pétale est une fleur, toutefois, une fleur épuisée donne un nectar de moindre qualité et pas toutes les fleurs confient leur pollen aux insectes.

Heureusement que le vent jardine, comme nous.

Corolle, pistil, pollen… Organe femelle, organe mâle. On a vu ça en SVT, sans prendre du tout du tout conscience à quel point c’était précis et précieux.

Vigilance de tous les instants

Sur les parterres de fleurs devenant vite débarras commode pour le fainéant : rats, pigeons, détritus, déchets, encombrants et crottes, beaucoup de crottes.

Sur le danger d’extinction du papillon alcoolique qui a besoin de fruits pourris qu’on nous a appris à jeter

Sur la surabondance de bitume trop chaud, bien trop chaud

Sur la présence décorative de jardinets artificiels, un moindre mal mais pas si top

Sur les terrains pollués à l’ère industrielle pas si lointaine qui obligent les 88 membres cultivateurs de l’association/collectif d’habitants autour d’un jardin collectif au parc Longchamp, ‘porteur de printemps, de liens, de compost, d’initiatives’ à tout mettre en bac surélevé

Sur les pins dont les feuilles transpirent peu (c’est bien) mais dont l’ombre est chaude (c’est moins bien) et qui ne rendent pas un grand service

Iris, monnaie du pape, espèce endémique, citron végétal. Sous-bois, lisière, gazon.

Plante pariétaire qui s’accroche en grappe à la paroi de nos vieux murs de pierre.

Utile. Et beau.

La vie en rose, jaune, blanc, violet, orange.

Et plein de vert, pas encore cuit, roussin, séché par le soleil parce qu’on n’est qu’au printemps.

Alors, on arrose comment ?

Et le clou de la visite, c’est le récit invisible du sous-sol

L’eau qui circule dans la ville. Tant bien que mal. La goutte, la fuite, l’inondation.

Le cycle sempiternel vers la mer. Redevenir eau salée. Destin incompatible avec nos besoins.

L’eau qui court trop vite sur un sol artificialisé. Coupable celui qui bétonne à outrance.

Les égouts, les cloaques, les eaux usées

La Durance domptée

Les fontaines, piles et éviers.

Les porteurs d’eau, petit métier fort sympathique avant le déploiement de la magnifique ingénierie pour abreuver une Marseille assoiffée.

Faire venir l’eau en abondance

De plus loin, de la Durance

Canal, aqueduc, palais, Espérandieu, Consolat, Montricher, le parc Longchamp

On descend vers le Jarret

Il coule sous la route en fond de vallon

Il fut nauséabond

Et rayé de la vue pour rendre la ville salubre

Il devint autoroute hostile qui coupa le 4-5 en deux

pacifiée depuis peu

par Christine Garcia

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Le grand air

UNE TRAVERSÉE DANS L’EST MARSEILLAIS

8h30 – 15h. D’une rive à l’autre, on y va à pied ?

Une balade de la Valbarelle au Centre hospitalier Valvert

En route pour une remontée vers le FAR EAST de la ville, un voyage pédestre pour se frayer la possibilité d’un déplacement, d’un dépaysement jusqu’à trouver au bout du Far l’expérience du proche et de la terre vivante. Prenons la marche et prenons l’Air, à plusieurs voix, en plusieurs tissages et trames !

À l’invitation du Bureau des guides du GR2013, avec des habitant·es impliqué·es de cet Est marseillais et l’association Rives et Cultures, nous partirons à la rencontre du Grand Air, de la Valbarelle jusqu’au parc du Centre hospitalier Valvert, pour clore la marche avec un temps de rencontre convivial et deux représentations artistiques.

Conception et coordination Bureau des guides du GR2013 avec les collectifs SAFI et Ici-M me [Gr.]. Journée imaginée en collaboration avec l’association Cultures Permanentes, les habitant.es de la Cité Michelis et l’association Rives & Cultures, la ferme pédagogique du Collet des Comtes et le Centre hospitalier Valvert. Invitation et participation à l’élaboration Théâtre La Cité.

• Conception et coordination Bureau des guides du GR2013 avec les collectifs SAFI et Ici-M me [Gr.]. Journée imaginée en collaboration avec l'association Cultures Permanentes, les habitant.es de la Cité Michelis et l'association Rives & Cultures, la ferme pédagogique du Collet des Comtes et le Centre hospitalier Valvert. Invitation et participation à l’élaboration Théâtre La Cité.
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