Il jouait de l’Arbois debout 

Tribute to Hendrik Sturm (1960-2023)

Balade polyphonique autour de l’Arbois

“L’image qui me guide est celle du mille-feuilles des couches cartographiques thématiques d’un système d’information géographique. Il correspond, du moins en partie, à ce que les géographes nomment co-spatialité c’est à dire à« la superposition des territoires et des réseaux » . L’analyse de la co-spatialité des territoires me fournit la matière et les arguments pour construire un itinéraire précis : existe-t-il des interactions entre ces couches co-présentes et où se situent alors les « micro-fentes » qui les relient ?” Hendrik Sturm

À partir du concept de mille feuille développé par Hendrik Sturm, les artistes-marcheurs du GR2013 reviendront sur les traces de celui qui a parcouru mille fois l’Arbois. Une enquête spatio-temporelle des plus feuilletées, en l’hommage d’un grand marcheur minutieux.

Les 10 ans du GR2013

Il y a 10 ans le sentier métropolitain du GR2013 était inauguré sous une pluie battante, après 3 ans de repérages partagés entre artistes, randonneurs, parfois facteurs, traileurs ou autres adeptes insoupçonnés de la marche en ville et en paysages péri-urbains. Aboutissement d’un pari institutionnel porté alors par la Capitale européenne de la culture, ce sentier faisait lieu de premier projet culturel d’une métropole encore invisible.

La création du Bureau des guides a par la suite permis d’approfondir cette première hypothèse d’un sentier comme outil de lectures partagées des paysages,  et aussi d’en proposer d’autres.
Dans l’épaisseur du temps, ce sont des dizaines d’actions qui se sont inventées sur le “terrain”, des champs de pratiques qui se sont rencontrés, des conversations qui ont émergé, des communautés qui se sont reliées autour de l’idée d’un chemin et de la marche pour habiter plus pleinement nos sols et nos voisinages.

Les artistes-marcheurs.es  et randonneurs.ses des premières heures ont peu à peu été rejoint.es par des habitant.es motivé.es à explorer, des chercheurs.ses intéressé.es à tisser autrement les savoirs, des artistes désireux de contribuer à des récits qui soutiendraient notre vie commune, et puis aussi des gammares, des rivières, quelques éoliennes, un étang, des enfants, des roches, des cheminées, des canadairs, des fissures dans les murs ou encore des caprisun…

Voilà 10 ans que nous marchons, à la recherche et à la rencontre des histoires qui constituent et orientent nos quotidiens. En prenant soin de ce morceau de territoire que dessine le chemin, en y voyant pousser peu à peu notre connaissance partagée et nos attachements communs, nous entendons l’urgence d’exercer ce qui reste de nos sens paysans (littéralement “gens du pays”) pour retourner au monde d’aujourd’hui. Et pour cela il va falloir ralentir…

Cette année anniversaire ne sera donc pas l’objet d’une unique grande fête, mais plutôt d’un ensemble d’invitations à se rassembler et à célébrer ce que l’auteur Gary Snyders nommait “le sens des lieux”. Au fil des mois nous vous invitons dans des formes et des formats très variés à venir penser avec vos pieds, vivre dans le dehors, percevoir avec votre dedans, explorer nos dessous et éprouver 10 ans d’aventures buissonnières comme la fabrique d’un sol hospitalier.

Alors en route !

Les artistes compagnon·nes de cette annéeversaire

Collectif SAFI, Collectif de plasticiens-cueilleurs, Nicolas Memain, Street-jockey, montreur d’ours en béton, urbaniste Grand Pied, Geoffroy Mathieu, Photographe chercheur de points de vue, Camille Goujon, Bio-artiste spécialiste des paysages hybrides et antagonistes, Amélie Laval, Militante du roman-photo spéculatif, Hendrick Sturm, Artiste promeneur de la ville invisible, Robin Decourcy, Trekdanseur techno-archaïque, Christine Breton, Roche mère du GR2013, Clovis Deschamps Prince, Plasticien bivouaqueur, Grand Huit, Collectif d’improvisateurs paysagistes, Les Gammares, Collectif de crevettes engagées, Nelle Gevers, Glaneur de pierres et d’histoires, Julien Rodriguez, Cartographe sensible, Mathias Poisson, Plasticien et performeur adepte du tourisme de travers, Phaune Radio, Libérateur de sons effervescents, Mathilde Monfreux, Chorégraphe organique, Florent Chiappero, Architecte du commun, Clemens Coulons, Dessinateur de garrigue

La Fête du Ruisseau 2023

Un week-end pour prendre soin du fleuve côtier Caravelle/Aygalades

Les conclusions les plus évidentes cachent parfois les situations les plus mystérieuses. Demandez à vos voisin.e.s marseillais.e.s d’où vient l’eau qu’ielles boivent. La plupart répondront en riant quelque chose comme, « du robinet, bien sûr. Vous en voulez ? Il suffit de tourner la poignée.” 

Il en va ainsi, tout particulièrement si vous avez passé votre vie à maîtriser la survie en appartement. Mais le robinet n’est que le dernier endroit par lequel l’eau est passée, non pas là d’où elle vient. Avant cela, elle était dans des tuyaux, et avant encore dans des conduites d’eau. Elle y est arrivée depuis une station de potabilisation à Sainte Marthe, et avant encore depuis le canal de Marseille, connecté à un autre canal – le canal usinier EDF, connecté à un lac de stockage… « Dites-moi donc le nom du lac et je saurai d’où vient vraiment l’eau. – Serre-Ponçon… ». 

Trouver son nom et, mieux encore, marcher sur les bords de ce lac s’apparente définitivement à une première étape vers l’acquisition d’un sens du soin et de la gratitude. 

Mais ce lac n’est qu’un endroit parmi d’autres où l’eau est passée. Elle est arrivée par le ruissellement des eaux de pluie, de la neige tombée des nuages et de la fonte des glaciers. Et ces glaciers ? Et ces nuages ? D’où viennent-ils alors ? Des eaux évaporées de l’océan ? De la rencontre de deux systèmes climatiques ? Quelles que soient les forces impliquées dans la formation d’un nuage ou d’un glacier particulier, la source de chaque goutte d’eau qui s’y trouve demeure un profond mystère. Si quoique ce soit peut être dit sur l’état par excellence de l’eau, c’est probablement qu’elle ne finit ni ne commence nulle part, mais qu’elle est prise dans un cycle permanent qui l’emmène d’une forme et d’un emplacement vers un autre.

Savoir que l’eau est toujours prise dans un cycle a une grande valeur pratique (quelle que soit la fragilité de notre perception de chaque phase du cycle). Cela signifie, par exemple, que rejeter des eaux usées ou chimiquement polluées ne permettra pas vraiment de se débarrasser de ces polluants. Ils seront juste transportés dans le flux suivant, où qu’il soit : la prise d’eau d’une ville en aval, peut-être, ou à travers le sol pour s’infiltrer ensuite dans des puits. Et un jour elle s’infiltre dans nos corps et nos tissus dansants. Ce savoir est la base de ce que l’on pourrait appeler « une politique sensible du cycle de l’eau ». 

C’est une invitation à fêter notre ruisseau, les 30 septembre et 1 octobre 2023, pour le raconter dans ces cycles, le danser dans ces cycles, et construire ensemble quelque chose de cette politique commune des cycles. Des gestes simples comme glaner, nettoyer, se raconter des histoires, se faire des costumes, se dire ce qui a été fait le long de ce ruisseau cette année, lire et voir les futurs de ce ruisseau. 

©Pierre Tandille

Hospital nature

Festin thérapeutique / Ivresse forestière / Tourisme inter-espèce

L’hôpital Nature, telle une hospitalité naturelle, sera activé pour la première fois dans le cadre des Nuits des Forêts. Un processus de création, initié par Robin Decourcy, dont la danse et le soin seront ici les meilleurs alliés pour concevoir des performances inclusives et participatives, autour de la source du Fauge. 

Des objets matérialisent la création artistique grâce à une collaboration avec l’architecte constructeur Florent Chiappero. Abbaye cistercienne, arbres centenaires, faune et flore du site de St Pons composent un vaste terrain de mémoires, mais aussi un milieu fragile : celui de notre avenir, de la disparité de l’eau et de la menace sur la vie animale. Ce qui nous invite à la question centrale de l’HOSPITAL NATURE : Qui soigne qui ? 

Artistes associé.es : Raphaël Caillens, jardinier-poète. Mathilde Monfreux, chorégraphe. 

Hospitalités du GR2013 

Les « Hospitalités du GR2013 » réunissent des projets associant marche à la construction d’aménagements d’accueil et d’observation le long du sentier. Portées avec des collectifs d’artistes-constructeurs et d’architectes, elles proposent des interventions liées aux usages et aux lieux, des espaces de convivialité et de rassemblements, des installations publiques et poétiques.

Hospitalités du GR2013 dans le cadre des Nuits des Forêts 2023 
https://nuitsdesforets.com

Objectif Lune : on a marché sur la terre 

Trois jours d’itinérance pour cheminer dans l’entre deux

Un jour on a levé les yeux et elles étaient là. 

Striées de blanc et de rouge, elles balisaient le grand paysage à des dizaines de kilomètres à la ronde. 
Elles brillaient de leur énergie érigée. Loin et près à la fois, elles nous orientaient. 
À leur pied on pouvait venir manger des coquillages.
Un autre jour, plus tard, on nous a dit qu’elles étaient devenues inutiles, que les cuisiniers et les coquillages aussi.
On a démantelé ce jour-là les guinguettes, on a laissé les cheminées.
Et plus elles nous guidaient et plus on se perdait, jusqu’à ne plus trop savoir à quoi on tenait dans tout ça, au rouge, au blanc, aux moules, aux ampoules, au passé industriel, aux futures ruines, à l’entre deux.
Alors on est parti marcher avec énergie dans le grand démantèlement, sous la lune pour y explorer un peu autrement …  la terre.

Durant trois jours tantôt sous le soleil et tantôt sous la lune nous partirons à la rencontre des paysages et de ses habitants. À travers divers récits ancrés dans ce territoire, nous tenterons d’éclairer à la lumière des astres nos rapports à la terre, au risque, à l’héritage et à la transformation.

Ce voyage sera une tentative de comprendre joyeusement ce qui constitue nos modernités et de  travailler nos oppositions, nos contradictions de loin ou de proche, pour faire atterrir nos possibles rêves.

Il faudra aussi accorder du temps à notre subsistance et construire ensemble les lieux pour qu’ils nous rassemblent, tissés de désirs et de soin.

©Super Terrain

La bande-son du voyage

par Phaune radio

Le vendredi 7 juillet 2023 – à partir de 16h 

Marche nocturne suivie d’un bivouac

Nous marcherons…

Dans des paysages complexes, mystérieux, beaux, effrayants et nécessaires.

À partir de la gare de Lavera jusqu’au bivouac dans la Plaine de St Julien les Martigues.

Avec Nicolas Mémain, Robin Decourcy et Emeline Guillaud, Phaune Radio (Floriane Pochon et Clément Baudet), Camille Goujon, et le collectif musical Grand Huit.

Le samedi 8 juillet 2023

Journée d’ateliers et explorations de proximité suivie d’un bal intuitif

Nous tisserons, nous cuisinerons, nous habiterons…

A l’abri du vent, entre deux massifs, entre les rivages industriels de Lavera et la carte postale de la côte bleue, dans un lieu interstitiel nous invitant au songe, dans une plaine agricole encaissée et suspendue entre mer et étang.  Ici les souvenirs des rivages traversés la veille forment peu à peu un paysage collectif, et on fantasme les ruines du futur tout en habitant par nos gestes et par nos sens un peu plus profondément ces lieux qui nous accueillent.

En compagnie du collectif SAFI, du Beurre dans les épinards, de Lazare Lazarus, Nelle Gevers, Clovis Deschamps Prince, Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth, Olivier Bost, François Wong et Pierre Fleurence.

Puis nous danserons

La cour du château s’éveille et se remplit d’un orchestre inédit. Ensemble, s’initient des jeux ouverts de soins de danse, de contact de salon, puis de transe en danse. Entre les mondes nous lâchons prise et libérons la vibration  collective. 

En compagnie de Robin Decourcy (conception) avec les Musicien.nes – Sophie Azambre le Roy, Jules Beckman, Juri Caneiro, Eloïse Decazes, Adrien Nuguet

Le dimanche 9 juillet 2023 

Marche vers la mer

Nous repartirons…

Vers la mer. 

Une petite balade et une grande baignade en compagnie de tout le monde.

Écouter les cheminées

Dora, Sophie et Thierry nous racontent leur rapport au paysage de la plaine Saint-Julien de Martigues… par Phaune Radio

Objectif Lune : on a marché sur la terre est une aventure collectivement imaginée à l’occasion des 10 ans du GR2013 par le Bureau des guides du GR2013 et les artistes invité•es, en complicité avec des habitant•es qui depuis longtemps nous partagent leur sens des lieux. Nous remercions tout particulièrement Thierry Seren et les Paysans producteurs, Dora Manticello et la Caravelle, Agnès Jouanaud, Sophie Bertran Balanda ainsi que José de Demandolx pour son accueil au Château d’Agut.

Le Bureau des guides du GR2013 est soutenu pour cette année-anniversaire par le département des Bouches du Rhône, la région Sud, la métropole Aix-Marseille, la ville de Marseille et le Ministère de la culture. Remerciements à la ville de Martigues et à son Comité feux, à la Rara Woulib et à tous les habitants-marcheurs qui depuis 10 ans arpentent avec nous nos lieux de vie.
Pour en savoir plus sur les artistes-compagnons des 10 ans du GR2013 : https://bureaudesguides-gr2013.fr/les-10-ans-du-gr2013-2/

L’équipe du Bureau des guides du GR2013 pour Objectif Lune on a marché sur la terre, c’est : Marielle Agboton, Noémie Behr, Sébastien Castelain, Julie de Muer, Antoine Devillet, Marine Torres, Floriane Verrier. Merci également à Aurélie et Willy Le Corre.

Eaux vives

Atelier cartographique participatif sur la perception de l’eau en ville 

A la recherche de ses perceptions de l’eau pour se rencontrer et parler ensemble des territoires aqueux qu’on habite. Tout lieu est travaillé voire structuré par l’eau: ses écoulements, ses empêchements, ses inondations, ses détournements, ses vallons… En retour, tout lieu impacte l’eau: son cycle, sa qualité, son état, et le ruisseau Caravelle/Aygalades est in fine le réceptacle de tous ces impacts. 

La gestion de l’eau se fait partout où tombe la pluie. Chaque roubine, chaque monticule de terre polluée, chaque batardeau, chaque collecteur d’eau de pluie, chaque réseau d’eau usée fuyant sur le bassin versant, fait partie de ce qui fabriquera le ruisseau. C’est à cette échelle-là qu’on peut prendre soin de l’eau, et c’est à cette échelle-là qu’on peut commencer à penser des liens de solidarité à échelle de bassin versant.

L’acte de collecte sur le terrain permet de regarder l’eau à l’échelle de la goutte. Il est suivi d’un temps de mise en commun pour progressivement se donner à sentir le bassin versant. 

 Le but de l’atelier est de permettre à un public varié de (re)découvrir sa propre ville, son propre quartier, en focalisant sur la perception de l’eau dans l’espace public et privé, à l’aide d’un panel d’outils ludiques et amusants. 

L’atelier carto est créé et animé par Julien Rodriguez avec les membres du collectif des Gammares. Ce projet est porté par le Bureau des guides du GR 2013 dans le cadre d’un projet coordonné par l’EPA Euroméditerranée en participation à l’appel à projet initié par l’Agence de l’eau RMC « Participation citoyenne pour les grands enjeux de l’eau ».

Made in the river

Ateliers de fabrication de costumes à partir de la matière du ruisseau des Aygalades.

Dans les eaux du ruisseau des Aygalades, on trouve toutes sortes de matériaux : des branches, des feuilles ainsi que tout un tas d’algues polyamides venues du monde des humains (plastiques, pièces métalliques, tissus divers…).  De sa source à Septèmes-les-vallons à la mer, la rivière les charrie, les déplace, et parfois les intègre à son lit. Ce faisant, elle les transforme, les mélange, les hydride jusqu’à obtenir de surprenantes compositions qui, si on les regarde de près, ressemble fort à de véritables pièces d’artisanat. 

S’inspirant de la créativité de la rivière, Made in the River propose d’aller à la collecte de ces matières façonnées par l’eau afin de prolonger ces réassemblages en imaginant des masques, des costumes, et autres éléments dont nous pourrons nous revêtir pour à notre tour faire l’expérience de ce processus d’hybridation, mêlant éléments organiques et industriels. Et qui sait, faire ressurgir l’Esprit de la rivière. 

Ateliers ouverts à tous 

Tous les mercredi d’avril ainsi que 3 et 10 mai 

de 14h à 16h 

Guinguette du jardin de la cascade de la Cité des Arts de la Rue

Made in the river est animé par les artistes Chloé Mazzani et Charlie Fox avec les membres du collectif des Gammares. Ce projet est porté par la coopérative Hôtel du Nord, membre du collectif des Gammares, et soutenu par l’Etablissement Public d’Aménagement et de Gestion des Eaux Huveaune-Côtiers- Aygalades.